Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/57

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poursuivait. Il est vrai que souvent cette impuissance n’existait pour ainsi dire qu’en appréhension ; le malade craignait de ne pas pouvoir, et cependant il y parvenait, même plus souvent qu’il ne l’appréhendait ; mais souvent aussi, il faut le dire, ses appréhensions étaient légitimes. »

Après six jours passés à Marseille, le malade et le médecin s’embarquèrent pour Naples ; « mais ce ne fut pas sans une peine inouïe. » Pendant ces six jours, « le malade exprima formellement le refus de s’embarquer et le désir de retourner à Paris, s’effrayant d’avance à l’idée de se trouver avec sa volonté malade dans un pays étranger, déclarant qu’il faudrait le garrotter pour le conduire. Le jour du départ, il ne se décida à sortir de l’hôtel que quand il me crut décidé à faire intervenir un appareil de force ; étant sorti de l’hôtel, il s’arrêta dans la rue, où il fût resté sans doute, sans l’intervention de quatre mariniers, qui n’eurent d’ailleurs qu’à se montrer… »

« Une autre circonstance tend encore à faire ressortir davantage la lésion de la volonté. Nous arrivâmes à Rome le jour même de l’élection de Pie IX. Mon malade me dit : « Voilà une circonstance que j’appellerais heureuse, si je n’étais pas malade. Je voudrais pouvoir assister au couronnement ; mais je ne sais si je