Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/62

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tensité de l’état de conscience (qui, en tout cas, est intermittente) est-elle un fait ? Alors il faudrait admettre que les conditions nécessaires et suffisantes se rencontrent, mais pour cet événement seul. Est-elle une illusion ? J’incline à le supposer. L’ardente envie d’agir que quelques-uns de ces malades croient éprouver me paraît une simple illusion de leur conscience. L’intensité d’un désir est une chose toute relative. Dans cet état d’apathie générale, telle impulsion qui leur paraît vive est en fait au-dessous de l’intensité moyenne : d’où l’inaction. En étudiant l’état de la volonté dans le somnambulisme, nous verrons plus tard que certains sujets sont persuadés qu’il ne tiendrait qu’à eux d’agir, mais que l’expérience les oblige finalement à avouer qu’ils ont tort et que leur conscience les trompe complètement[1].

Au contraire, quand une excitation est très violente, brusque, inattendue, c’est-à-dire qu’elle réunit toutes les conditions d’intensité, le plus souvent elle agit. Nous avons vu plus haut un malade retrouver son énergie pour sauver une femme écrasée[2].

Chacun de nous peut d’ailleurs se représenter cet état d’aboulie ; car il n’est personne qui

  1. Voir ci-après, chapitre V.
  2. J’ai appris par M. Billod que ce malade recouvra son activité à la suite des journées de juin 1848 et de l’émotion qu’elles lui causèrent.