Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/71

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que du caractère irrésolu, tout comme l’aboulie est celle du caractère apathique. C’est un état d’hésitation constante pour les motifs les plus vains, avec impuissance d’arriver à un résultat définitif.

L’hésitation existe d’abord dans l’ordre purement intellectuel. Ce sont des interrogations sans fin que le malade s’adresse. J’emprunte un exemple à Legrand du Saulle. « Une femme fort intelligente ne peut sortir dans la rue sans se demander : Va-t-il tomber d’une fenêtre quelqu’un à mes pieds ? Sera-ce un homme ou une femme ? Cette personne se blessera-t-elle ou se tuera-t-elle ? Si elle se blesse, sera-ce à la tête ou aux jambes ? Y aura-t-il du sang sur le trottoir ? Si elle se tue, comment le saurai-je ? Devrai-je appeler du secours, ou m’enfuir, ou réciter une prière ? M’accusera-t-on d’être la cause de cet événement ? Mon innocence sera-t-elle reconnue ? etc. » Ces interrogations continuent sans fin, et il existe un grand nombre de cas analogues, consignés dans des études spéciales[1].

Si tout se bornait à cette « rumination psychologique », comme s’exprime l’auteur cité,

  1. Consulter en particulier : Legrand du Saulle, La folie du doute avec délire du toucher, 1875 ; Griesinger, Archiv für Psychiatrie, 1869 ; Berger, ibid., 1876 ; Ritti, Dict. encycl., loc. cit.