Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/88

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La forme la plus simple est celle des idées fixes avec obsession. Tel ne peut se soustraire au besoin invincible de compter sans fin ni repos tout ce qu’il voit et touche, tous les mots qu’il lit ou qu’il entend, toutes les lettres d’un livre, etc. (arithmomanie). Il a conscience de l’absurdité de ce travail ; mais il faut qu’il compte. Tel autre est obsédé du besoin implacable de savoir le nom de tous les inconnus qu’il rencontre dans les rues ou en voyage (onomatomanie de Charcot et Magnan). Il essaie en vain de se dérober à cette inquisition puérile ; il faut qu’il les connaisse.

Ces obsessions et leurs analogues que j’omets ont du moins un avantage. Comme elles ont pour origine des états intellectuels, de pures idées (non des besoins ou des sentiments), leur satisfaction est sans danger. Tout cela, même en action, reste théorique, spéculatif.

Il n’en est plus de même des impulsions irrésistibles d’origine affective, nées des besoins et des instincts, dont nous allons parler.

On trouvera dans un livre de Marc, aujourd’hui un peu oublié[1], un ample recueil des faits où les écrivains postérieurs ont souvent puisé. Citons-en quelques-uns.

Une dame, prise parfois d’impulsions homi-

  1. De la folie considérée dans ses rapports avec les questions médico-judiciaires, 2 vol. in-8o. Paris, 1840.