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qu’elle ne pense de celui des Anglais, l’empirisme de l’observation intérieure.

V. Cours de psychologie. La psychologie est aujourd’hui considérée en Allemagne, par la majorité des professeurs qui l’enseignent, comme une science expérimentale, qui a sa place au-dessous de la philosophie théorique, à côté de la philosophie de la nature. On s’applique partout à en circonscrire nettement le domaine. Tout le monde est d’accord pour en exclure d’abord, comme nous l’avons vu, toute question logique, et ensuite tout problème et toute hypothèse métaphysiques. L’absolue séparation de la psychologie et de la métaphysique est même admise par la grande majorité des Herbartiens. On sait qu’Herbart avait fait précéder sa psychologie scientifique d’une théorie métaphysique de l’âme et de la représentation. Dès 1842. M. Drobisch l’en blâmait vivement et déclarait que la Psychologie devait aborder sans aucune idée préconçue l’étude du cours naturel de nos représentations. C’est seulement cette étude terminée que l’on pourrait se demander d’abord si les faits psychiques peuvent être soumis au calcul, et ensuite avec quelle théorie métaphysique ils peuvent être compatibles. M. Drobisch donnait dès lors à son cours de psychologie la division que depuis il n’a conservée que dans son ensemble :

1o Des diverses sortes de représentations.

2o Modifications et cours de nos représentations, indépendamment de l’action de la volonté.

3o Des diverses espèces de sentiments.

4o Des diverses formes de désirs et d’appétits (Begehren). Cette partie comprend la théorie de la volonté.

5o Des hypothèses mathématiques qui permettent de rendre compte de la vie psychique.

C’est à Herbart et à ses disciples immédiats que l’Allemagne doit la fondation de la Psychologie comme science. C’est de l’Herbartianisme que sont sorties et la Psychophysique de Fechner, et la Psychologie anthropologico-sociologique de Lazarus, et la Pédagogie scientifique, qui forme en Allemagne une partie considérable de l’enseignement universitaire. Aujourd’hui même, il n’est pas un psychologue physiologiste qui ne reconnaisse dans Herbart le vrai créateur de la psychologie moderne. Malheureusement les herbartiens proprement dits sont peu disposés à mettre sérieusement à profit la physiologie ; ils s’adonnent trop à l’observation intérieure, et, si tous ont rejeté la métaphysique de leur maître, tous en revanche tiennent au système arbitraire et non justifié par les faits de la mécanique des représentations. On a dit avec justesse que ce n’est pas chez les Herbartiens