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duct of Female Education in Boarding Schools (1797), remarquable surtout par sa clarté et le bon sens qui s’y manifeste. Il considère comme d’une grande importance pour les jeunes filles de pouvoir apprendre à juger les caractères, car elles auront un jour à choisir un mari, et il pense que la lecture de bons romans peut leur être utile à ce point de vue. Il fait remarquer aussi que les enfants expriment leurs émotions par des gestes, plus fortement que les personnes plus âgées, et il est convaincu qu’un des grands avantages de l’école pour un enfant est qu’il acquiert, sans s’en douter, en se mêlant aux autres, une certaine connaissance des physionomies.

Il serait trop long de parler en détail du caractère d’Erasme Darwin, nous en verrons d’ailleurs plusieurs traits eu examinant rapidement la manifestation dans sa famille de la loi d’hérédité, point qu’a mis en lumière Charles Darwin dans sa notice.

Erasme Darwin descendait d’une famille du Lincolnshire. Le premier de ses ancêtres dont on sache quelque chose, William D., mourut en 1644 de la goutte. C’est de lui ou d’un de ses ancêtres qu’Erasme D. et d’autres membres de la famille héritèrent cette maladie, à un accès de laquelle Erasme D. dut de devenir un avocat véhément de la tempérance. Un second William D. (né en 1620) fut officier, puis avocat. Un troisième William Darwin eut deux fils. William et Robert ; le dernier fut le père d’Erasme. Elevé pour être avocat, il paraît avoir eu du goût pour la science. Sa femme, la mère d’Erasme, était très instruite. Il eut quatre fils : le premier, Robert Warring, mourut célibataire à quatre-vingt-douze ans. Il eut, comme Erasme, beaucoup de goût pour la poésie ; il cultiva aussi la botanique et publia des Principia Botanica qui furent appréciés. Du second fils, William Alvey, on ne sait rien. Le troisième, John, devint recteur d’Elston. Le dernier fut Erasme D., l’auteur de la Zoonomie.

Erasme Darwin eut cinq fils de sa première femme (deux d’entre eux moururent encore enfants), et quatre fils et trois filles de sa seconde[1]. Son fils ainé, Charles (né en 1758), qui mourut accidentellement à vingt-neuf ans, avait des aptitudes extraordinaires. Il tenait de son père un goût très fort pour les diverses branches de la science ; comme Erasme, il aimait la poésie et la mécanique. Enfant, « il avait des outils pour jouets et faire des machines fut « un des premiers efforts de son génie et une des premières sources de ses plaisirs ». Il travailla, à Edimbourg, pour devenir médecin ; l’ « Æsculapian Society lui décerna sa première médaille d’or pour une recherche expérimentale sur le pus et le mucus. Comme son père, il fut très aimé de ses amis.

Le second fils d’Erasme D., qui s’appelait aussi Erasme, naquit en 1759. Il écrivit aussi des vers, mais il paraît n’avoir eu aucun des autres

  1. E. Darwin eut de plus, entre ses deux mariages, deux filles illégitimes, qui reçurent une bonne éducation et vécurent ensuite dans l’intimité avec la veuve d’Erasme et les enfants du second mariage.