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l’attrait de l’inattendu, mais parce qu’ils sont presque toujours présentés simplement, justement, et aussi, le dirai-je, parce que certains d’entre nous se sont laissés prendre à l’habitude de les tenir pour inattaquables.

Lionel Dauriac.

L. Robert. De la certitude et des formes récentes du scepticisme. Paris, Ernest Thorin. In-8o, 567 p.

M. L. Robert a consacré à défendre la certitude contre les attaques du scepticisme un gros volume, divisé en trois parties. Dans la première il s’agit de la certitude en général, du scepticisme, de la critique ; dans la seconde, des différentes sortes de certitude ; dans la troisième, du critérium et du fondement de la certitude, et des scepticismes partiels.

L’auteur commence par énumérer et décrire les divers états de l’esprit, qui cherche le vrai : la foi naturelle, l’erreur, le doute, la réflexion. La certitude se trouve quelquefois au début, on la rencontre aussi à la fin. « La certitude est le jugement vrai en lui-même et accompagné d’une sécurité complète. » Elle dépend, avant tout, de l’intelligence ; mais le sentiment et la volonté n’y sont pas étrangers. La certitude a des conditions intellectuelles : la connaissance, la méthode ; les procédés propres à la philosophie et qui sont, à des titres divers, les conditions logiques de la certitude sont l’analyse réflexive et la synthèse métaphysique. L’analyse réflexive a pour instrument la conscience et remonte la série des choses et des idées dans un ordre opposé à leur filiation réelle ; la synthèse au contraire suit l’ordre de génération des idées et des choses, et en partant des causes nous fait mieux connaître les effets. La certitude a des conditions morales ; nous devons écarter toutes les dispositions qui nuisent à la recherche du vrai et les remplacer par des dispositions contraires ; amour de la vérité, pratique du bien, humilité.

La certitude existe-t-elle ? Comment répondre à cette question ? On fait sortir la réponse de la question même. La certitude de l’existence personnelle, l’idée du vrai sortent de l’énoncé même du doute. Les phénomènes intérieurs sont certains de plus, ils sont observables et soumis à des lois ; de plus, « douter, c’est avoir l’idée du vrai, c’est distinguer la science de l’ignorance. Or ces idées de science et de vérité contiennent en germe la logique tout entière. » — « En matière de morale comme en logique et en psychologie, on peut faire sortir la certitude de l’énoncé même du doute. De même, en esthétique, discuter sur le bien et le mal, discuter sur le beau et le laid, c’est admettre l’existence du bien et du beau. Enfin toutes les formes de l’expérience prouvent la réalité invisible que l’on voudrait nier au nom de l’expérience.