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d’êtres corporels. » Passons quelques pages, nous trouvons le raisonnement suivant, à propos de l’identité de l’être parfait et" de l’absolu), « point d’une importance capitale » ; « L’être par soi possède en lui la. source de l’être ; dès lors, conçoit-on qu’il lui manque quelque chose ? Chacun de nous se dit quelquefois naïvement Ah ! si je m’étais fait moi-même, je me serais certainement donné telle perfection qui me manque, et maintenant même, si je pouvais changer et façonner ma propre nature à ma fantaisie, comme je me ferais plus beau, plus intelligent et plus fort ! Eh bien, la cause première est par elle-même ; donc il ne lui manque rien. On peut dire, en employant un langage grossier ; Celui qui se donne l’être à lui-même se donne du même coup toutes la perfection, » Est-ce réellement expliquer la manière dont la raison fonctionne que de dire ; « L’activité de l’âme existe avant de s’exercer dans tel ou tel sens, et il faut à l’intelligence le stimulant des perceptions particulières pour provoquer cette réaction, qui sera l’idée. Mais la faculté pure et simple ne suffit pas, même en y ajoutant l’excitation’ extérieure. Il y a de plus une loi en vertu de laquelle, à l’occasion des, faits contingents, la faculté rationnelle sera déterminée a chercher l’explication du contingent dans le nécessaire. Cette loi résulte sans doute de la ressemblance qui existe entre Dieu et l’homme créé à son image. Mais peut-être faut-il ajouter quelque chose à ce rapport primitif. Car, après tout, l’homme pourrait être jusqu’à un certain point l’image de Dieu, sans être apte a connaître son modèle Il faut donc supposer un rapport permanent entre Dieu et l’homme. »

De même, sommes-nous bien éclairés sur la nature de la vérité quand, après nous avoir dit que la vérité n’est ni l’être contingent, ni la pensée humaine, ni le rapport de la pensée avec l’être contingent, on ajoute ; « Il y’a un être dont on peut dire qu’il est la vérité même : c’est Dieu ; » et plus loin : « Si maintenant nous voulions préciser davantage et pénétrer jusque dans les mystères de la nature divine, de quel secours ne nous serait pas la théologie chrétienne ! L’Évangile nous montre, en effet, avec une certitude sublime, laquelle des trois Personnes divines est le principe de toute vérité. « Au commencement était le Verbe… en lui était la vie et cette vie était la lumière des, hommes. C’était la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde. »

M. Robert est un catholique convaincu. Je n’ai pas à insister sur ses tendances religieuses, car il ne fait intervenir la théologie dans les discussions que très indirectement ; je dois les indiquer au moins. Plusieurs passages paraissent montrer qu’il attache une grande importance aux enseignements de l’Église et que sa philosophie doit forcément se réduire à n’être sur bien des points que la servante de la théologie. Ainsi le nominalisme entraîne « des conséquences théologiques qui ont motivé les condamnations dont il a été frappé. Il fait des trois Personnes divines ou des individualités sans lien entre elles, ou des actions différentes de simples phénomènes. » À un autre