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certitude que les mathématiques. La doctrine phénoméniste est absolument insoutenable ; il n’y a rien de plus clair que les idées métaphysiques la subjectivité pure des idées de la raison est inintelligible, et les systèmes opposés à la métaphysique reculent tous les jours devant elle.

Voulant établir que la métaphysique est une science, M. Desdouits a pensé avec raison qu’il devait d’abord définir la métaphysique, ensuite rechercher les caractères essentiels de la science et montrer que la métaphysique présente ces caractères. M. Desdouits voit parfaitement la route à suivre il me paraît qu’il s’y engage mal. « La définition de la métaphysique, dit-il, ne présente pas de difficultés tout le monde convient que c’est la recherche des premiers principes, de la cause première, et, en général, des choses immatérielles, D Donner une définition de la métaphysique ne me semble pas chose si simple, et je doute fort que la définition offerte par M. Desdouits convienne à tout le monde et que tout le monde surtout l’entende de la même manière. J’aurais voulu un peu plus de précision ; que la recherche des premiers principes et de la cause première soit de la métaphysique, on peut l’accorder ; mais que la recherche des choses immatérielles en général soit de la métaphysique, je ne puis le croire. — L’idéologie, par exemple, se confond-elle avec la métaphysique, et en général la psychologie subjective expérimentale ne s’en distingue-t-elle pas nettement ?

Passons. M. Desdouits définit ensuite la science, qui est pour lui « un système de propositions rigoureusement démontrées (soit à priori, soit à posteriori) invariables, générales et reliées entre elles par des rapports de subordination. »

Après avoir donné cette définition de la science, M. Desdouits essaye de prouver que la métaphysique présente tous les caractères voulus pour être une science.

La certitude de la méthode géométrique que M. Desdouits veut appliquer à la métaphysique tient à trois conditions : 1o elle définit clairement ; 2o elle part d’axiomes évidents et universellement reconnus ; 3o elle déduit rigoureusement les conséquences de ces axiomes. Ces conditions se retrouvent dans la métaphysique. 1o L’idée d’infini par exemple est « l’idée métaphysique par excellence » ; or l’infini est « ce qui est toujours et partout et possède toutes les perfections. » Pour M. Desdouits, cette définition est très claire. Quant à moi, j’avoue n’y comprendre rien. Je ne conçois pas un être qui est partout et toujours, parce que je ne conçois l’infini métaphysique ni dans le temps, ni dans l’espace ; je ne conçois pas davantage comment un être peut posséder toutes les perfections parce que cela implique contradiction. Il est inutile d’insister.

De plus, la métaphysique a des axiomes, ce sont « les vérités premières de la raison », M. Desdouits se montre disposé à réduire le plus possible le nombre de ces premiers principes. « Mais, dit-il, on ne sau-