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LE DERNIER LIVRE


DE

G. H. LEWES[1]

fin

III

Le troisième problème (le second du volume) porte pour titre : La sphère de la sensibilité ou la logique du sentir. Quelques mots de la préface ont prévenu le lecteur que l’ordre des chapitres est en partie conjectural. Il voudra donc bien excuser un certain décousu dans l’exposition des idées.

Penser et sentir sont des modes de la sensibilité. La coordination des sensations et des mouvements se fait par le même procédé que la combinaison logique des idées avec les mouvements ou des idées avec les idées. Les termes de logique et de mouvement reçoivent ainsi une extension qui présentera d’immenses avantages.

Quand on parle de la logique des événements ou de la logique d’un fou, on entend par là que l’antécédent entraîne nécessairement le conséquent. Logique de la sensibilité ne signifie pas autre chose. En vertu de sa constitution, l’organisme réagit d’une certaine manière, et sa constitution est le produit des expériences antérieures. Croire a l’immortalité de l’âme ; croire, sur la foi d’autrui, au goût agréable d’un fruit dont on n’a jamais mangé, croire à la solidité en voyant une surface colorée, sont des opérations au fond identiques et exprimant l’intégration de jugements, de perceptions, de sensations passées. De même qu’il y a une logique des signes, embrassant la conception, le sentiment, la raison, ainsi que leurs produits, intellect, conscience et volonté, de même il y a une logique du sentir, qui comprend sensation, perception, appétit et émotion, déterminant à leur tour volition, instinct, conduite intelligente. Entre celle-ci et

  1. Voir le précédent numéro de la Revue.