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L’organisme est composé d’usités formées chacune d’un nerf sensitif, d’un nerf moteur, d’une substance centrale.

Ces unités ne sont pas simplement agrégées ; elles-sont intégrées, c’est-à-dire, forment à leur tour une unité plus haute. De sorte qu’aucune excitation ne peut avoir de résultat isolé. Tout l’organisme en est ébranlé. De là le triple procès excitation, groupement, décharge.

Dans le premier procès se rangent naturellement le plaisir et la peine, régulateurs importants de l’action. Mais il ne faudrait pas perdre de vue que toute sensation n’en est pas nécessairement accompagnée ; sans quoi, on ne comprendrait pas les processus inconscients. L’excitation est suivie d’une décharge causant soit une vibration contractile, soit une contraction pleine. Entre ces deux processus vient se placer comme intermédiaire le groupement, c’est-à-dire la combinaison et la coordination. Il ne faut pas croire, en effet, d’après une anatomie imaginaire, que le nerf sensible transmette son excitation directement au nerf moteur. L’excitation trouble plus ou moins tout le système, et d’ailleurs, en dehors de l’organisme, les unités dont il été question n’ont pas d’existence réelle. Chaque excitation est nécessairement accompagnée d’excitations revivifiées. Toute action du mécanisme sentant se décompose ainsi en une affection sensible, un groupement logique, une impulsion motrice. Cette division correspond en termes vulgaires aux sens, au cerveau, aux muscles. Lewes a proposé pour sa conception le nom de spectre psychologique. C’est une allusion au spectre fondamental ; qui, dans l’hypothèse d’Young-Helmholtz, se composerait de rouge, de vert et de violet. Dans toute couleur naturelle se trouvent ; mélangées ces trois couleurs, mais en des proportions diverses ; tantôt l’une, tantôt l’autre est dominante. De même, dans nos états ou dans nos actes, il y a occultation ou prédominance tantôt de la sensibilité, tantôt du mouvement. Ainsi, dans la répétition cérébrale (pensée), le mouvement est masqué ; dans les actions, réflexes ou automatiques, la sensation est complètement obscurcie.

Dans le chapitre suivant, intitulé Les unités de sensibilité, Lewes s’attache à démontrer que toute sensation se compose d’unités, de sensations, et que sa qualité particulière dépend à la fois et du nombre de ces unités et de leur groupement. C’est ainsi que tous les corps de la nature se décomposent en atomes et les mouvements en oscillations ( ?). Par exemple, le son étant produit par les vibrations de l’air, bien qu’une vibration isolée ne donne pas une sensation, on doit admettre qu’elle correspond à une unité de sensation.

Les remarquables découvertes de Helmholtz sur la nature du