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ANALYSESw. wundt.Physiologische Psychologie.

Je pourrais énumérer encore un grand nombre d’autres parties de l’ouvrage qui ont été mises au courant des travaux les plus récents. J’en signale quelques-unes au hasard : les publications de Hering sur l’optique, les discussions sur le développement des sens des couleurs (Magnus, Grant Allen, etc.) ; les recherches de Cyon, Ferrier sur les mouvements, dans leurs rapports avec les canaux semi-circulaires (tome II, p. 21 et suiv.) ; les ouvrages ou mémoires relatifs au sommeil, aux rêves, à l’hypnotisme.

Dans cette très sèche énumération, je n’ai pas mentionné l’une des parties les plus intéressantes de cette deuxième édition : ce sont les recherches nouvelles faites par M. Wundt et ses élèves sur la durée des actes psychiques. J’ai exposé ici, il y a cinq ans[1], l’état de cette question, en prenant surtout pour guide la première édition de l’ouvrage qui nous occupe. Depuis cette époque, d’autres travaux ont été faits qui pénètrent de plus en plus dans le domaine purement psychologique. La Revue a mentionné au fur et à mesure qu’elles ont paru les recherches de Galton, d’Obersteiner, de Kries et d’Auerbach, sur la durée de l’acte de discernement le plus simple[2]. M. Wundt résume ces recherches, auxquelles il ajoute le résultat des siennes, que nous allons indiquer en quelques mots.

1o Une première série de recherches a pour but de déterminer le temps nécessaire pour la perception des représentations composées. Ici il y a à fondre en une unité plusieurs objets différents. Le temps requis pour cette fusion varie-t-il suivant la complexité ? Je n’entre pas dans le détail des expériences, je me borne à l’essentiel. Pour mieux voir comment la durée de l’aperception augmente avec la complexité d’une représentation, il faut en prendre une dont l’accroissement en complexité soit régulier. M. Wundt choisit des représentations visuelles : ce sont des nombres imprimés, qui varient de 1 à 6 chiffres. Parmi les résultats que contient sou ouvrage (tome II, p. 256 et suiv. ; et qui sont dus à plusieurs observateurs, je transcris les plus saillants[3] :

1 chiffre. 2 chiffres. 3 chiffres. 4 chiffres. 5 chiffres. 6 chiffres.
0, 324 0, 339 0, 314 0, 474 0, 687 1, 082
0, 308 0, 358 0, 386 0, 491 0, 627 1, 079

Ces nombres résultent de 120 expériences qui ont été faites à deux époques distinctes : la première série pendant un mois, la seconde pendant le mois suivant. Chez la plupart des observateurs, les différences sont petites lorsqu’il s’agit de nombres à 1, 2 ou 3 chiffres ; mais, de 4 à 6, on voit qu’elles sont importantes.

2o Une seconde série de recherches (tome II , p. 279 et suiv.) a pour

  1. Mars 1876, t. I, p. 267.
  2. Pour Kries et Auerbach, t. VI, p. 387 ; pour Galton, t. VIII, p. 677 ; pour Obersteiner, t. VII, p. 701.
  3. Dans ces nombres et dans tous ceux oui suivent l’unité est la seconde.