Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 11.djvu/448

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
444
revue philosophique

veur d’un théisme compréhensif, dont il n’établit malheureusement pas les principes avec assez de précision et de force.

P. v. Lilienfeld : Gedanken Socialwissenschaft der Zukunft : IVe Theil, Die sociale physiologie (Mitau, Behre, 1879).

L’auteur continue, dans ce quatrième volume, ainsi que dans les précédents, de traiter la société humaine comme un vivant organisme, et d’appliquer à l’étude de ses lois les procédés de la méthode biologique. Nul n’a poussé aussi loin que Lilienfeld cette analogie de l’organisme social et de l’organisme individuel, sauf peut-être Schaeffle, qui est, sous ce rapport, en communion étroite de principes avec son devancier. Lilienfeld se renferme dans des considérations théoriques et n’aborde l’examen ni la solution d’aucun des problèmes actuels de l’économie politique.

Schaeffle se complaît à descendre des hauteurs de la spéculation sur le terrain des réalités concrètes ; et, par là, son ouvrage répond à la curiosité d’un plus grand nombre d’esprits. Il l’emporte aussi sur Lilienfeld par l’art de l’exposition : ce dernier abuse trop souvent des répétitions et fatigue sans profit le lecteur.

Hoppe : Die Sciteinbewegungen ( Les mouvements apparents). Wurzburg, Stuber. 1879 (ouvrage analysé déjà dans la Revue),

Nous sommes plus souvent trompés par de fausses apparences de mouvement qu’on ne le croit ordinairement. Les hallucinations de la folie ne sont qu’une faible partie de ces illusions incessantes. Le professeur Hoppe entreprend de classer et d’expliquer ces intéressants phénomènes, avec les ressources d’une science physiologique de premier ordre.

O. Caspari : Die Grundprobleme der Erkentnniaathätigkeit (Les problèmes fondamentaux de l’activité pensante). 2o partie : La nature de l’intellect en regard de l’antinomie fondamentale de la pensée scientifique. Berlin, Hoffmann, 1879.

Il est regrettable que la théorie et la polémique ne soient pas séparées dans cet ouvrage ; il en résulte des redites fastidieuses. L’objet du livre est l’examen du problème de la causalité. L’auteur avait déjà établi, dans un précédent volume, que le sujet et l’objet sont, dans l’acte de la connaissance, deux facteurs absolument distincts ; les dogmatiques ou les ontologistes, comme Caspari les appelle, ont le tort de vouloir supprimer cette opposition dans l’idée de l’absolu ou de l’unité primordiale ; et les sceptiques exagèrent non moins faussement la distinction jusqu’à déclarer les deux termes inconciliables. Le philosophe critique reconnaît la différence, mais aussi le rapport des deux facteurs, et cherche à les réunir par le lien de la véritable causalité.

Mais Caspari n’entend bien ni la notion du sujet ni celle de l’objet. Il croit que l’affection immédiate du sujet par l’impression garantit suffisamment la réalité de l’objet. Il s’emporte à des qualifications injurieuses et à tout le moins inconvenantes contre les anciens philosophes. Au lieu de s’adresser à l’empirisme anglais et au darwinisme, il