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soi est des plus indécises dans le système de Kant. Elle paraît très différente, selon que Kant s’inspire des conclusions de la doctrine des catégories ou de celle des idées, qu’il se préoccupe des besoins de la raison pratique ou des exigences de la raison théorique. Sa théorie de la connaissance est tour à tour préoccupée de défendre les droits de l’apriorisme et ceux de l’empirisme.

Hoppe : Die personliche Denkthaetigkeit (L’activité pensante de la personne : Une théorie de la connaissance en opposition à celle de Kant). Wutzburg, Stuber. 1880.

L’auteur confond constamment la logique et la psychologie, soulève de graves problèmes sans les résoudre, et paraît croire que Kant et ses disciples ont méconnu la spontanéité de la pensée.


ZEITSCHRIFT FUER VŒLKERPSYCHOLOGIE UND SPRACHWISSENSCHAFT.

Livraisons 2, 3 et 4. 1880.

O. Fluegel : Sur le développement des idées morales.

L’intéressante étude de Fluegel sur le développement des idées morales se poursuit dans les trois livraisons que nous avons sous les yeux.

L’idée du droit apparaît avec la notion de la propriété, dont elle assure le respect, même chez les tribus les plus sauvages. L’idée de la justice des représailles ou de la vengeance répond à un sentiment partout vivace et qui s’exprime avec une brutale énergie dans des maximes populaires : « La vengeance est douce ; le cadavre d’un ennemi sent bon. » Mais suivant le degré de culture, la conscience populaire manifeste des exigences plus ou moins diverses dans l’exercice de ce droit : soit qu’elle le confie à l’individu offensé ou à la société, qu’elle en limite l’effet au coupable ou l’étende à ses proches, qu’elle applique la peine du talion ou admette les compensations pécuniaires, qu’elle proportionne enfin l’offense à l’acte lui-même ou à l’intention qui l’a dictée. Sous le nom assez équivoque d’idée de la liberté intérieure, Fluegel analyse le besoin de la perfection, de l’harmonie des facultés, et suit dans l’histoire les manifestations de sentiments divers comme le goût de la propreté, la honte, l’amour de la parure, la pudeur, le contentement de soi-même. — Il étudie ensuite l’influence à la fois nuisible et salutaire de la religion sur la morale. Les dieux ne sont jamais que la personnification de l’idéal humain ; comme la religion prétend faire de l’idéal relatif d’une époque le type absolu et définitif de la perfection humaine, elle contrarie et trouble à tout le moins le progrès de la conscience humaine. C’est ainsi que nous la voyons tour à tour ériger en vertus l’impudicité, le fanatisme, l’orgueil des castes, le mépris de la vie humaine. Mais, en revanche, elle enseigne à l’homme à se dominer, à plier sa volonté sous le joug de prescriptions