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tion que nous présentons d’ordinaire aujourd’hui sous cette forme :

Voici du reste comment Descartes résume sa pensée sur le point qui nous occupe :

« Vous voyez maintenant en quelle sorte se doivent mesurer les réfractions ; et encore que, pour déterminer leur quantité en tant qu’elle dépend de la nature particulière des corps où elles se font, il soit besoin d’en venir à l’expérience, on ne laisse pas de le pouvoir faire assez certainement et aisément depuis qu’elles sont ainsi toutes réduites sous une même mesure ; car il suffit de les examiner en un seul rayon pour connaître toutes celles qui se font en une même superficie ; et on peut éviter toute erreur, si on les examine outre cela en quelques autres[1]. »

Pascal ne se contente pas d’établir que la suspension du mercure dans le tube du baromètre est due au poids de la masse de l’air. C’est la première partie de la loi ; mais ce n’en est que la première partie. Il ajoute :

« Comme le poids de la masse de l’air est plus grand sur les lieux profonds que sur les lieux élevés, ainsi les effets qu’elle y produit sont plus grands à proportion[2]. »

La loi de Newton n’est pas autre chose qu’une relation mathématique entre ces quatre quantités, la force de l’attraction qui s’exerce entre deux corps, leurs masses et leur distance.

Il en est de même en chimie pour la loi des équivalents et pour celle des proportions multiples. On pourrait multiplier ces exemples à l’infini.

Ainsi, pour M. Cournot, une loi de la nature est une relation mathématique entre des grandeurs variables. La nature elle-même n’est pas tant un mécanisme que le développement harmonieux de forces qui, dans leur origine, se ramènent peut-être à l’unité, mais qui, pour notre esprit borné, demeurent indépendantes. Chacune de ces forces est soumise dans son développement à un déterminisme absolu, mais leur coexistence échappe au déterminisme. Le problème du monde n’est plus seulement un problème de mécanique ; c’est aussi une question d’ordre et d’harmonie.

Dans notre exposition du système de M. Cournot sur les lois de la nature, nous n’avons pas donné à la théorie de l’induction les déve-

  1. Dioptrique, disc.II.
  2. Traité de la pesanteur de la masse de l’air, ch. V.