DE LA MÉMOIRE ÉLÉMENTAIRE
Il y a toujours intérêt à comparer ce qui est compliqué à ce qui est simple. Si, par exemple, on pouvait établir un lien entre les lois, si mystérieuses encore, qui régissent les fonctions du cerveau, et les lois beaucoup moins obscures qui régissent les fonctions de la moelle épinière, il y aurait assurément à cette comparaison un grand avantage.
Il m’a semblé qu’on pouvait trouver, dans une des fonctions de la moelle, quelque chose d’analogue à la mémoire.
Mais, avant d’indiquer cette analogie, il faudrait distinguer dans la mémoire même deux phénomènes assez différents. D’abord l’impression que font les objets extérieurs, de manière à ce qu’ils se gravent dans le souvenir, est un des éléments de la mémoire. Par exemple, je passe dans une rue : la vue des maisons, des pavés, des passants, le bruit des voitures, etc., toutes ces sensations vont laisser une trace dans mon esprit. On peut dire que c’est là de la mémoire active ; car il n’y a pas de mémoire sans une certaine activité cérébrale. Il faut un degré quelconque d’attention pour la fixation dans l’intelligence d’une image ou d’une idée.
L’autre partie de la mémoire, c’est ce qu’on pourrait appeler la mémoire passive, tantôt consciente, tantôt inconsciente. Ce n’est plus la fixation des faits actuels ; c’est le souvenir des faits passés. L’une retient c’est la mémoire active. L’autre a retenu : c’est la mémoire passive. Nous ne nous occuperons ici que de la mémoire active, celle qui consiste en une fixation des impressions ou des idées venues du dehors.
Revenons maintenant à la moelle, et examinons si l’on pourrait trouver dans ce centre nerveux une sorte de mémoire active élémentaire.
Quand on fait passer un courant électrique dans un fil métallique quelconque, le courant traverse le métal, avec une rapidité difficile à imaginer, si bien qu’en un mètre de fil métallique, un vingt mil-
