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ANALYSES. — g. sergi.Elementi di psicologia.
et de ceux de l’objet. — L’image rétinienne. — Peinture, sculpture, architecture. — Symétrie et proportion. — La théorie de Hay. — Sentiment de la nature chez les modernes et chez les anciens. — Causes. — Considérations plus générales. — L’idéal. (P. 499-546.)


Nous ne prétendons pas qu’il y ait là une esthétique complète. Et nous sommes surpris que M. Sergi, qui recourt sur chaque sujet aux sources les plus récentes, se soit privé des renseignements précieux qu’il aurait pu recueillir, dans l’Esthétique physiologique de M. Grant-Allen[1], sur les causes du plaisir et du déplaisir esthétique pour chaque groupe de sensations. Ce qui est dit de la peinture, de la sculpture et de l’architecture est un peu maigre à côté des développements assez abondants présentés sur la musique. Il y a encore d’autres lacunes ; elles ne nous échappent pas (omission des lois de l’invention, etc). Mais qu’on songe qu’il s’agit d’un livre de psychologie générale, destiné aux étudiants ; que l’on compare celui-ci à ceux dont nous disposons, et on reconnaîtra que nulle part des informations aussi exactes et aussi nombreuses n’ont été mises sur cet ordre de questions à la disposition des débutants. Il serait puéril de méconnaître ce qui est donné pour ne faire ressortir que ce qui manque.

Après le sentiment, la volonté. Nous rencontrons d’abord une étude approfondie des conditions physiologiques, des racines organiques du vouloir. L’auteur nous donne tous les renseignements disponibles dans l’état actuel de la science sur les cellules motrices, les muscles, le mouvement réflexe. Il montre comment l’instinct se dégage des réflexes par une complication progressive. Le mouvement réflexe n’est pas en effet pour lui nécessairement inconscient ; et l’instinct, qui le dépasse, lui parait un phénomène nettement psychique. « C’est un fait acquis, dérivé de l’expérience de l’espèce, par sélection naturelle, dans les adaptations successives aux conditions naturelles extérieures, en ce qui touche à la vie de nutrition, de relation et de reproduction. Il est devenu une forme organique parfaitement adaptée à la structure et à la fonction, consolidée par la répétition et par l’association entre les stimulus, les mouvements et les satisfactions des stimulus, transmise par hérédité aux individus dans lesquels elle se manifeste comme principe inné (p. 551). » C’est précisément cette théorie que nous avons adoptée pour l’explication des instincts sociaux et constructeurs des animaux. Avant de passer à la volonté proprement dite, M. Sergi donne un exposé très intéressant des théories émises sur les mouvements d’expression par Darwin, Spencer et Wundt ; il pense que la théorie complète et définitive de ces mouvements est encore à trouver (p. 550). Il aborde enfin « les origines et les éléments de la volition ». Celle-ci, au lieu d’être ce pouvoir en l’air, qui n’a rien de commun avec l’organisme où il aurait, on ne sait pourquoi, élu domicile ; un paradoxe réa-

  1. Voir la Revue philosophique du 1er janvier 1878, où nous avons donné un résumé étendu de cet ouvrage.