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réa-, un défi porté aux lois de la nature et de la pensée, sort, selon M. Sergi, des mêmes origines que les déterminations motrices inférieures. Seulement elle se produit à la suite d’hésitations et d’inhibitions du mouvement, qui font place à la conscience et à la vue des conséquences de l’action. De là les motifs. Un nouveau caractère signale encore l’action voulue ; elle est spontanée, c’est-à-dire qu’elle se produit sans excitation périphérique préalable, en vertu des forces emmagasinées dans les centres nerveux. L’auteur insiste avec raison sur ce caractère, source de tant de méprises, et montre comment une telle spontanéité est possible. Il analyse ensuite successivement tous les antécédents et toutes les conditions directes de la volition, et termine par une critique de la liberté transcendante. La conclusion est que la volonté humaine est responsable, parce qu’elle est déterminée par des idées. L’imputabilité est attachée non a la volonté, mais à : a raison qui l’éclaire.

Telle est le contenu, telle est la physionomie générale du nouveau traité de psychologie que nous avons le regret de signaler un peu tardivement à l’attention du public français. Il n’est pas, nous l’avons vu, exempt de lacunes ; il encourt surtout le reproche de ne pas faire une place assez étendue à la psychologie comparée, c’est-à-dire à la psychologie générale. Il devrait porter pour titre non Éléments de psychologie, mais Éléments de psychologie humaine ; c’est un défaut qu’il partage avec beaucoup de livres de physiologie destinés à l’enseignement : on n’est pas encore accoutumé à considérer l’organisme humain, à plus forte raison l’esprit humain, comme rentrant sous les lois générales de la vie et de la pensée, et on se laisse trop souvent aller à juger de leur valeur objective d’après l’importance qu’ils ont pour nous ; comme si la connaissance d’un cas particulier, si intéressant qu’il soit, pouvait être obtenu sans la connaissance des lois générales auxquelles il se rattache ! Mais malgré ce défaut, pallié d’ailleurs dans cet ouvrage plus que dans tout autre par de fréquentes mentions des formes inférieures de la pensée, du sentiment et du vouloir, on ne peut lui refuser ce mérite de présenter plus exactement qu’il n’a encore été fait l’état actuel de la science psychologique dans son ensemble. Il a de plus cet avantage d’être à la fois suffisamment didactique et largement personnel ; il est probable qu’il va être imité, condensé, réduit en formules courantes ; les besoins de l’enseignement l’exigent, et cette reproduction sera utile comme elle est inévitable ; il n’en est pas moins vrai que l’on regrettera, dans les exemplaires abrégés de ce type nouveau, les développements abondants et la libre allure de l’original.

A. Espinas.

R. Ardigò. Lo studio della storia della filosofia. Padova, Salmin, 48 p.

La leçon prononcée par R. Ardigò à l’ouverture de son cours, le 11 février, mérite l’attention. La philosophie positive s’est affirmée ce