Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 11.djvu/686

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
682
revue philosophique

droit dans Leibnitz était pour tenter M. Franck : il l’a faite de main de maître dans le court et substantiel chapitre qui termine son ouvrage. La doctrine de Leibnitz lui paraît au-dessus de toute objection : « Elle unit les plus sublimes résultats de la spéculation avec les besoins de la société et de la vie. Elle adoucit et transfigure le principe de justice par l’amour, et règle l’amour, le conduit à son but, l’empêche de dégénérer en tyrannie, en lui imposant des obligations et en l’éclairant par le flambeau de la justice. Toutes ces vérités sont établies par des arguments directs tirés de la raison et de la conscience et par la critique irrésistible des doctrines contraires. »

Il restait, après Leibnitz, à tirer les conséquences des principes, conséquences pratiques, sociales, politiques, économiques. Telle est la tâche que devaient accomplir les philosophes et les publicistes du xviiie siècle.

Y.

Arès y Sanz (Mariano). — Discurso teneido en la Universidad para la apertura del curso academico de 1880 a 1831. In-8" Salamanca, Cerezo.

Dans ce discours, formant une brochure de 78 pages, mais enrichi de notes, de citations et de discussions, qui ne sont pas la partie la moins intéressante de son travail, M. Arès y Sanz s’est proposé de démontrer la légitimité et le caractère de l’enseignement qu’il professe.

Le débat entre la métaphysique et les écoles positives se résume dans cette fondamentale question : Est-il donné à l’intelligence humaine de connaître le fond des choses, l’essence, dont les phénomènes ne seraient que le reflet passager et changeant, l’essence, qui serait le permanent, l’immuable et l’indistinct s’enveloppant sous les phénomènes ? Avec tous les métaphysiciens, l’auteur affirme que l’intelligence peut atteindre l’essence, et que la raison est le principe de cette connaissance. Il croit, il est vrai, échapper aux contradictions de l’idéalisme, en répétant, avec Hegel, que « la philosophie ne peut pas présupposer son objet ». Il part d’ailleurs, comme Schelling, du moi concret, dans lequel il découvre l’être abstrait absolu : Je suis, lEtre est donné ; J’existe, Dieu existe. Je suis conscient ; la conscience absolue est. Si donc la conscience dans l’homme est la condition de sa science, la conscience absolue de l’Etre, la supra-conscience, comme Hartmann l’appelle, est son tour la condition de la conscience de l’homme Telles sont les premières formules dans lesquelles se condense, pour l’auteur, le résultat final de l’analyse métaphysique. Nous ne poursuivrons pas le détail des subtiles déductions dont ces conceptions premières sont pour lui la base assurée. Nous aimons mieux prendre M. Arès y Sanz dans certaines considérations générales, qui nous font voir du moins en lui un métaphysicien conciliant, bien qu’illogique.

La métaphysique, dit-il, n’a pas pour objet total la science de l’ab-