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tradictions du réalisme soit vulgaire, soit scientifique. Signalons parmi les meilleurs chapitres de son ouvrage ceux qu’il consacre à la discussion des théories de Dühring et d’Helmholtz, et à la réfutation du parallélisme, si souvent affirmé, des faits psychiques et des phénomènes organiques. L’auteur est moins heureux, lorsqu’il cherche à démontrer mon seulement la vérité de l’idéalisme transcendantal, mais même le subjectivisme absolu de Fichte. Anton von Leclair parait oublier que Lange, dont il invoque volontiers l’autorité, s’est montré partagé, dans l’interprétation et le développement de l’idéalisme kantien, entre le positivisme de Hume et la métaphysique transcendante de Fichte.


IVe livraison.

J. Jacobson : Sur la géométrie physique.

Au milieu des débats qui se sont élevés autour de l’origine des axiomes géométriques, Helmholtz a été récemment conduit à soutenir la possibilité d’une « géométrie physique », qui aurait « tout à fait le caractère d’une science de la nature », et fournirait le moyen de résoudre, par le témoignage des faits, le problème de l’origine des axiomes.

Jacobson, laissant de côté cette dernière question, se propose de discuter l’objet, les principes et la méthode de la science nouvelle. Elle fait de l’espace un objet réel, doué de force, et, par conséquent, le soumet aux mêmes catégories que les corps et les forces physiques de la nature. N’est-il pas évident qu’un tel objet n’existe ni ne peut exister ? Elle veut déterminer expérimentalement l’équivalence physique, comme dit Helmholtz, des grandeurs extensives, pour conclure de là à leur égalité géométrique : mais le premier point n’a pas besoin de la démonstration si laborieusement cherchée, et ne pourrait, en tout cas, servir à prouver le second.

Tönnies : Remarques sur la philosophie de Hobbes (3o article).

La philosophie morale de Hobbes et la doctrine politique, qui en est la conséquence, sont exposées dans les Elements of law (1640), le Decive (1642) et le Leviathan (1681). Il s’agissait d’abord, pour Hobbes, de s’affranchir de l’influence du thomisme, qui dominait dans les écoles, et enseignait que l’homme ne peut connaître le bien comme le vrai, qu’autant qu’il participe par sa raison à la raison divine.

Hobbes commence par rejeter la connaissance à priori. Il cherche ensuite à démontrer que toute réalité se ramène au mouvement mécanique. « Ce qui est bon pour un être est ce qui a la force de l’attirer à travers l’espace. » — « La sensation et la pensée ne sont, en réalité, que des mouvements, à travers l’espace, des esprits animaux. » Les déterminations des volontés humaines doivent s’expliquer comme les mouvements des corps, en dehors de toute finalité, par le simple jeu des lois universelles du mécanisme physique. Appliquer les principes qui ont fait la fortune de la science moderne des corps aux problèmes