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PÉRIODIQUES.Vierteljahrsschrift für Philosophie.

qui concernent l’origine et la conservation des sociétés, voilà l’œuvre audacieuse que poursuit le génie de Hobbes.

Sigwart : Questions logiques. Essai de conciliation (1er article).

Parmi les nombreux ouvrages que le réveil des études logiques a suscités en Allemagne, depuis quelques années, ceux de Wundt, de Bergmann et de Sigwart figurent incontestablement au premier rang. Il est intéressant d’analyser le jugement que Sigwart porte sur ses deux émules. Le présent article est consacré à l’examen des principales objections que Wundt dirige contre les théories de Sigwart. Les deux logiciens ne sont d’accord ni sur la définition du concept, ni sur la fonction logique du jugement, dont Wundt fait surtout une opération analytique, tandis que Sigwart y voit, comme Aristote, σύνθεσις νοημάτων ὥσπερ ἔν ὄντων. Sigwart n’admet pas la justesse des critiques que Wundt adresse à la distinction établie par Kant entre les jugements analytiques et les jugements synthétiques. En revanche, il se plait à faire ressortir l’accord fondamental des vues de son adversaire avec les siennes, en dépit de certains dissentiments de détail, sur le sens et l’origine des jugements négatifs, sur la relation du jugement assertorique et du jugement apodictique ; et croit que l’opposition de Wundt à son analyse de la loi de l’identité tient en partie à des malentendus.

A. Riehl : Le criticisme philosophique et sa signification pour la science positive. 1er volume, Histoire et méthode du criticisme philosophique. (Leipzig, Engelmann, 1876.)

Gizycki fait un grand éloge de cette première partie de l’ouvrage de Riehi. Il en vante les jugements indépendants et la solide érudition. Riehl ne se propose pas seulement de commenter la doctrine critique : il veut la perfectionner et la développer, et s’attache surtout aux théories de Kant sur la connaissance. Il n’a pas de peine à découvrir chez Locke les premiers germes de la philosophie critique ; mais il montre habilement quelle prise l’ancien dogmatisme gardait encore sur l’esprit du philosophe anglais. Quoi qu’il en soit, les théories de Locke sur la sensation, sur l’infinité de l’espace et sur la substance sont plus voisines qu’on ne croit de la doctrine critique : on aurait tort d’en conclure à une influence directe de Locke sur Kant. — Le chapitre le plus neuf du livre de Riehl est assurément celui qui traite des rapports de la philosophie de Hume et de la philosophie de Kant. Riehl étudie également avec soin l’influence de Wolff, de Lambert, de Tetens, et surtout de Newton sur la méthode et les idées de l’auteur de la Critique de la raison pure. Le livre se termine par des considérations intéressantes sur les interprétations maladroites qui ont été faites de la théorie kantienne de la connaissance, selon qu’on croyait devoir en chercher le principe dans les vues psychologiques de son auteur, ou en faire sortir l’idéalisme comme une conséquence nécessaire.