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PÉRIODIQUES.Zeitschrift für Philosophie.

correspondance cherchée entre tes termes au raisonnement et les trois idées transcendentales. L’étymologie des termes à priori et à posteriori fait trop exclusivement songer à des rapports d’antériorité et de postériorité entre les jugements ; et le langage de Kant dispose à regarder les formes pures de l’intuition et de l’entendement comme des formes préexistant dans la pensée aux impressions des sens. Quelles que soient les corrections nombreuses qu’appellent les idées ou les expressions de Kant, les principes essentiels et la méthode de l’idéalisme critique n’en demeurent pas moins au-dessus de toute atteinte. Et ce qu’il importe tout particulièrement ici de faire remarquer, c’est que les conclusions durables de cette doctrine ne sont pas moins préparées par les enseignements de l’empirisme anglais que par ceux de Leibniz. Sur le temps, l’espace, sur la causalité, sur la matière, sur l’esprit, sur la chose en soi ou le principe inconnu des phénomènes qui se déroulent sous l’œil de la conscience, il n’est pas malaisé de trouver chez Locke, chez Berkeley et chez Hume des théories voisines de celles de la philosophie critique, ou qui, du moins, les préparent et les appellent.

Eug. Dreher : Sur la théorie des perceptions sensibles (conclusion).

L’article précédent avait établi que les perceptions sensibles se développent, au point de vue qualitatif et au point de vue quantitatif, conformément à la loi évolutioniste de l’adaptation : faut-il en dire autant de la formation des formes à priori de l’intuition sensible, le temps et l’espace ? faut-il croire que notre intuition actuelle de l’espace, comme d’un continu à trois dimensions, pourra faire place, chez nos descendants éloignés, à l’intuition d’un espace à quatre dimensions ? On connaît les efforts de Gauss, de Riemann, de Zœllner en faveur d’une telle hypothèse. Il a été soutenu que le sens de la vue, après avoir débuté par la perception de l’étendue avec deux dimensions seulement, ne s’est élevé que tardivement à la perception des trois dimensions de l’espace. Dreher combat la valeur des arguments invoqués et soutient que l’intuition de l’espace à trois dimensions est et demeurera commune et identique chez tous les êtres animés. Il n’y a pas de raison pour admettre qu’il en soit autrement de l’intuition du temps. L’auteur maintient, en terminant son étude, que l’origine et la formation de toutes nos perceptions et idées ne s’expliquent qu’autant qu’on admet une activité inconsciente de l’esprit ; qu’autant qu’on fait de l’individu vivant un être collectif, la résultante d’une multitude de cellules, qui ont chacune leur vie, leur sensibilité propre. Mais si l’on réussit ainsi à éclairer bien des phénomènes obscurs de la vie psychique, on reste toujours en présence d’un problème insoluble scientifiquement : comment cette multitude d’âmes inférieures peut-elle se fondre et s’identifier dans l’unité de la conscience du moi ?

Hassbach : Rapports de l’esthétique de Schopenhauer à l'esthétique de Platon (1er article).

« Je confesse, dit Schopenhauer, que je dois le meilleur de mon dé-