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veloppement, d’abord aux impressions du monde sensible, puis et dans une égale mesure aux œuvres de Kant, aux livres saints des Hindous et à Platon. » Platon lui a surtout appris que l’idée demeure immuable au milieu de la mobilité des choses terrestres, et il doit particulièrement à Kant la distinction du phénomène et de la chose en soi. Il a hérité de tous deux également le caractère indécis de sa doctrine, qui flotte entre l’idéalisme et le réalisme. Mais, tandis qu’il a pleine conscience des modifications que la doctrine de Kant subit dans son système, il croit que l’idée platonicienne revit tout entière dans sa philosophie. Hassbach n’a pas de peine à montrer combien il se fait illusion sur ce dernier point.

La signification logique, métaphysique, esthétique de l’idée est tout autre chez lui que chez son devancier. On s’explique difficilement son illusion, quand on songe que le système de Platon est dualiste, tandis que Schopenhauer professe le monisme le plus décidé. Les deux philosophes ne diffèrent pas moins profondément dans leurs théories sur l’essence du beau et sur la nature de l’impression esthétique.

Theod. Fechner : La philosophie de la lumière en regard de la philosophie de la nuit (Die Tagesansicht gegenueber der Nachtansicht). Leipzig, Breitkopf, 1879.

Fr. Hoffmann n’entreprend pas une analyse ni une appréciation, complète de l’ouvrage si original et si riche de connaissances et d’idées du vieux et infatigable penseur. Après avoir résumé brièvement les principes essentiels de la doctrine métaphysique de Fechner, et montré quelles différences séparent le panthéisme spiritualiste de ce philosophe de celui de Lotze, il s’attache à établir que ces principes trouvent leur justification dans les découvertes du spiritisme et veut justifier contre les hésitations ou les critiques de Fechner l’adhésion sans réserve donnée par Zöllner et d’autres savants à la la doctrine de l’existence et de l’action des esprits sur notre monde, ainsi qu’aux expériences récentes sur lesquelles on l’appuie.

Nous avons déjà eu plusieurs fois l’occasion de signaler la foi robuste et très militante de Hoffmann aux merveilles du spiritisme.

Robert Schuster : Y a-t-il des représentations inconscientes héréditaires ? Leçon d’ouverture, publiée par Zöllner. (83 pages, Leipzig.)

Courte, mais substantielle et très attachante étude, qui fait vivement regretter la perte de son ingénieux auteur. Schuster veut prouver l’existence des idées innées. Mais il faut pour cela démontrer d’abord qu’il peut y avoir des idées inconscientes. La conscience nous montre que la sensation croît avec l’excitation : pourquoi la sensation cesserait-elle d’accompagner l’excitation dans sa marche décroissante, bien que la conscience ne nous en dise plus rien ? La doctrine de l’évolution ne peut expliquer le développement progressif des organes de l’œil, par exemple, comme résultant du perfectionnement graduel d’un organe primitif et universel, le toucher, qu’autant qu’elle admet des sensations rudimentaires et inconscientes de lumière par l’organe primitif. « Avant