Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 11.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
70
REVUE PHILOSOPHIQUE

pas se remplacer, parce que ce sont des théories de deux ordres différents. La première exprime une loi de succession des phénomènes, la seconde affirme une cause. Admettre que la loi remplace la cause est une erreur de métaphysique. On y tombe lorsqu’on parle de substituer l’idée de l’évolution à celle de la création, comme si le temps pouvait être une puissance. Dans une science particulière, on fait abstraction des causes premières, et l’on se borne à la considération de l’enchaînement des faits selon des lois déterminées. Si l’on aborde la question suprême de la philosophie, il faut reconnaître non seulement que la théorie de l’évolution ne saurait remplacer la doctrine de la création, mais que, loin de la contredire, elle lui apporte un assez ferme appui. En effet, elle met la pensée en présence d’un point de départ qui veut une cause autre qu’un antécédent qui serait soumis lui-même à l’évolution.

Ernest Naville.