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A. Martinozzoli : De l’enseignement de la philosophie dans les lycées. — L’auteur de l’article voit l’heure venue d’accomplir des réformes sérieuses dans cet enseignement jadis si dénaturé, naguère si discuté. Une erreur capitale est celle de croire que la philosophie peut être enseignée comme la physique, l’histoire naturelle et toute autre science de l’ordre positif ; elle n’a pas à recommander un système de connaissances spéciales, mais à ouvrir l’esprit, à appeler le raisonnement sur les différents objets du savoir. Les écoles de philosophie furent autrefois des champs clos où la raison individuelle osait s’élever contre la raison toute-puissante du maître, et ce fut sur leurs bancs, en face des vieilles chaires du dogmatisme et de l’intolérance, que la liberté livra ses premiers combats et remporta ses premières victoires. Aujourd’hui que la liberté de pensée et de conscience est, sinon de tout point un fait, du moins un principe universellement adopté, l’école doit être un champ neutre, fermé à l’autorité qui n’est pas d’ordre positif et scientifique. Le dogmatisme de morale et de métaphysique doit rester à la porte de l’école. On n’y doit apprendre qu’à penser, à étudier, à raisonner. L’esprit de l’enseignement philosophique doit s’inspirer de l’esprit même de la science, qui a pour caractère et pour loi la positivité et la relativité du savoir. Quant à la matière de cet enseignement, il faut bannir une fois pour toutes ces vieilles distinctions de l’à priori et de l’à posteriori ; on ne doit plus reconnaître que la méthode à posteriori ou positive, qui est plus qu’une méthode, qui est la méthode sans rien de plus. Voici, au résumé, comment A. Martinozzoli trace le programme de l’enseignement philosophique réformé : première année consacrée à l’étude ample, détaillée, abondante en exemples, de l’évolution inorganique, organique et sociale ; seconde année, à l’étude de l’homme envisagé sous le double aspect physiologique et psychologique ; troisième année, aux grandes hypothèses qui ont constitué et constituent encore la métaphysique.

Bibliographie. — I. C. Doni apprécie, avec grands éloges et quelques réserves, le livre de T. Mamiani : Des questions sociales et particulièrement du prolétariat.

A. Chiappelli examine, à propos d’un livre de Bonghi (traduction des Dialogues de Platon), les doutes de Socrate sur l’immortalité de l’âme.

T. Mamiani présente à ses lecteurs le livre de Th. Ribot sur l’Hérédité psychologique. Il déclare, et il montre par l’analyse du livre, que l’auteur est un esprit tout à la fois d’observation et de synthèse, qui possède et qui manie avec rigueur la méthode expérimentale, sans jamais aspirer à la dépasser ou à l’embellir au moyen des abstractions et des hypothèses. Mais il demande la permission d’exprimer un doute très fondé, dit-il, sur la manière décisive dont M. Ribot affirme que la dualité des anciens philosophes, l’antique union de l’esprit avec le matière va disparaissant de l’esprit des savants, et par conséquent aussi des écoles et des livres. T. Mamiani tient toujours haut et ferme