Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 14.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
revue philosophique

obtenus avec le sens musculaire, qui est toujours accompagné d’images visuelles, sont moindres que leurs congénères obtenus avec les seules images. Ce qui signifie qu’au moyen du sens musculaire, auquel s’ajoute la mémoire visuelle, les perceptions externes du mouvement sont reproduites avec une plus grande et plus constante exactitude que celles que peut nous fournir la simple vision mentale.

L. Maggi : Les idées de Hæckel sur la morphologie de l’âme. — L’âme cellulaire est un phénomène tout à fait général de la vie organique et la cellule psychique en est un phénomène particulier. Toute cellule vivante a une âme cellulaire ; mais les cellules psychiques, les cellules du cerveau, ne se trouvent que dans les animaux supérieurs, Elles y représentent en mode éminent l’unité de l’état cellulaire et centralisent le gouvernement de cet état. Elles accomplissent, sous une forme plus élevée, dans le système nerveux central, les fonctions psychiques, qui, sous une forme plus humble, furent remplies à l’origine par toutes les cellules. La morphologie de l’âme ne peut être comprise que par la protistologie. L’unité du protoplasma animé a permis à Hæckel d’émettre l’hypothèse que les ultimes facteurs de la vie psychique sont les parcelles élémentaires, invisibles, homogènes du plasson, dont la variété infinie compose toutes les innombrables et différentes cellules. L’âme des atomes doit donc être le point de départ de la formation de l’âme des êtres organisés, y compris celle de l’homme.

Revue synthétique : Un caractère atavique de l’évolution humaine : L’homme actuel descend-il d’une forme animale caudifère ou anoure ? Darwin et Canestrini affirment que les premiers ancêtres de l’homme avaient une queue fournie de muscles propres ; Hovelacque refuse l’appendice caudal au précurseur immédiat de l’homme. Broca estime que la queue des Primates (il y a des singes anoures) pouvait disparaître de trois manières : par la réduction contemporaine et en mode uniforme des deux segments osseux de l’appareil caudal, par la disparition du premier segment à partir de l’extrémité et la réduction du second situé à la base, ou bien en sens inverse par une modification du premier segment plus considérable que celle du segment terminal. Des faits nombreux empruntés à l’embryologie et à la tératologie démontrent que l’homme descend d’une espèce pourvue d’une queue et le font rentrer ainsi dans la grande loi de l’évolution morphologique de toute la série des vertébrés. Selon Bartels, la question a un double aspect : 1o Existe-t-il des hommes à queue, c’est-à-dire des individus pourvus de queue au milieu d’une population qui en est ordinairement privée ? 2o Y-a-t-il des peuples à queue ? Les faits répondent affirmativement à la première de ces questions : or des trois explications en : présence pour indiquer cette anomalie, effet de l’atavisme, arrêt de développement, état pathologique, la première est seule soutenable.

Examinons la seconde question plus générale, s’il existe des peuples à queue, où du moins des populations au milieu desquelles l’anomalie se présente plus fréquemment. Les voyageurs de l’extrême Orient où de