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l’Afrique centrale sont ceux qui ont fait le plus souvent mention d’hommes caudifères. Quoi qu’il en soit de leurs récits, ni Quatrefages ni Bartels n’excluent la possibilité qu’on arrive à découvrir un peuple chez lequel l’anomalie porte sur de nombreux individus. Ce pourrait être un effet de sélection artificielle, soit par l’isolement complet de ce peuple, soit par des mariages consanguins, soit grâce à une catégorie spéciale d’idées et de coutumes. Il y a, en effet, des peuples qui ne regardent pas l’appendice caudal avec ce sentiment de répugnance qu’éprouvent pour lui les Européens civilisés. C’est pourquoi l’existence de peuples à queue ne pourrait avoir de signification que pour l’étude des croyances mythiques ou pour celle des transmissions héréditaires : elle serait tout à fait indifférente au point de vue de la parenté entre l’homme et le singe, puisque quelques grands singes anthropomorphes possèdent une queue encore plus rudimentaire que celle de l’homme.

Démontrer que l’homme n’est pas un singe peut paraître à quelques philosophes une victoire ; c’est pour nous un effort de rhétorique oiseuse : il reste, en effet, à chercher les preuves négatives qu’il n’est pas l’extrême anneau de la série animale, à laquelle le rattachent indissolublement tout à la fois les caractères morphologiques et physiologiques de son état normal, et les anomalies et les arrêts de développements si souvent observés dans son organisme (E. Morselli).

Mars-avril. — R. Ardigó : La formation historique du concept scientifique de la force. — La production successive des doctrines philosophiques obéit à une loi de développement spontané : celle qui succède à un autre en est la suite naturelle ; la première est la raison psychologico-historique de la seconde. La révélation et la preuve scientifique du lien naturel évolutif des systèmes philosophiques sont données principalement par les cinq ordres de faits suivants : 1o la succession chronologique des systèmes ; 2o le rapport logique : de l’un avec l’autre : 3o l’analogie du cycle philosophique grec avec les cycles philosophiques autonomes des autres peuples ; 4o l’évolution intellectuelle de l’individu, qui est analogue à l’évolution intellectuelle de l’humanité en général, et des diverses unités ethnographiques en particulier ; 5o la comparaison des degrés de maturation mentale, soit des individus de diverses conditions dans une même société, soit des populations en lesquelles l’humanité actuelle est divisée.

C’est en tenant compte de tout cela que l’auteur de l’article commence par faire un tableau sommaire de l’histoire scientifique de la philosophie grecque. Ii considère ensuite plus spécialement les phases du développement philosophique dont le concept atomistique de la causalité fut la suite naturelle. Trois ordres de progrès sont à marquer dans ce développement : ceux d’unification, de distinction, de naturalisation.

G. Barzellotti : Les conditions présentes de la philosophie et le problème de la morale. — L’auteur examine l’état de la pensée philosophique en Europe depuis la transformation accomplie par la Critique d’Emmanuel Kant. En France, le positivisme d’Auguste Comte est une