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The Rickets, qui eut en peu de temps quatre éditions[1] Cette maladie s’était répandue depuis trente ans à peine dans l’ouest de l’Angleterre, d’où elle avait gagné Londres ; elle était encore rare dans le nord. Glisson lui donna le nom qu’elle a gardé et en fit l’exacte description : son ouvrage est loué par Haller[2].

Quatre ans après parut l’Anatomie du foie, le plus célèbre de ses écrits[3]. Haller en parle avec admiration[4]. « C’est, dit-il, un travail plein de remarquables découvertes et de descriptions excellentes… On y trouve notamment une étude minutieuse de l’enveloppe à laquelle l’auteur a laissé son nom (en français la Capsule de Glisson), des considérations très exactes et très utiles sur la formation et le mouvement de la bile, etc. Glisson a employé des injections faites à l’aide d’un tube particulier, qu’il nous dépeint… Le morceau final est une bonne étude des vaisseaux lymphatiques et du fluide nourricier qu’ils portent, avec des vues originales sur les fonctions de la rate et des glandes. » Il n’est pas un traité d’anatomie qui ne parle de la capsule de Glisson ; notre médecin a donc sa place dans la médecine classique ; tout étudiant le connaît au moins de nom. Il prend rang entre son maître Harvey, qui découvrit la circulation du sang, et son contemporain Sydenham, inventeur du laudanum et propagateur du quinquina.

Elu membre du Collège des médecins en 1655, il en devint bientôt président, et la Société Royale de Londres lui ouvrit ses portes le 6 mars 1661. Il est jusqu’ici exclusivement occupé de recherches anatomiques ; mais la philosophie se mêlait alors à toute science, comme elle était à la base de toute instruction. Pas un savant qui ne sacrifiât à la métaphysique comme à la science par excellence. Glisson, qui avait acquis dès l’Université une connaissance profonde des systèmes, qui avait vécu dans l’intimité des scolastiques, mais qui depuis, à ce qu’il semble, avait quitté les philosophes pour sa clientèle et son laboratoire, nous apprend lui-même comment la médecine le ramena à la philosophie. Il travaillait à un nouvel ouvrage d’anatomie, le Traité de l’estomac et des intestins, quand il s’aperçut « que beaucoup de passages dans ce traité montraient toute la nature comme douée de perception, que beaucoup d’autres suppo-

  1. De Rachetide, etc. ; Lond., 1650, in-8o ; ibid., 1660, in-12 ; Lugd. Batav., 167, in-8o ; Hag., 1682, in-12. Cette dernière édition parut avec des observations complémentaire de Georges Bate et d’Ahasverus Regemorterus.
  2. Biblioth. medic. practicæ, t. III, p. 13.
  3. Anotomia Hepatis, cut præmittuntur quœdam ad rem anatomicam universe spectantia : et ad calcem operis subjiciuntur nonnulla de lymphœ ductibus nuper repertis, Lond., 1654, in-8o ; Amstelod., 1659, in-12 ; ibid, 1665, in-12 ; Hag, 1681, in-12.
  4. Biblioth. Anatom., t. I, p. 452.