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ANALYSES. — DE DOMINICIS. Dottrina dell’ Evoluzione.

ceptent, mais pour les autres ; elle n’est pas à leur usage. Pour moi, qui la tiens pour une grande et utile hypothèse, je n’hésite pas à condamner l’abus qu’ont pu en faire des philosophes pour lesquels je professe la plus sincère admiration, et notamment M. Herbert Spencer. Je ne vois, je l’avoue, qu’un système provisoire dans la construction philosophique de l’éminent penseur anglais, Mais c’est au nom de la philosophie expérimentale que je conteste un certain nombre de ses conclusions, tandis que M. de Dominicis le fait au nom du positivisme… transformiste. Entre lui et moi, on le voit, le débat ne serait pas long, puisqu’il repose sur une distinction plutôt verbale que réelle.

Je dois rendre, d’ailleurs, cette justice à l’auteur de La doctrine de l’évolution, qu’il est bien renseigné sur les systèmes et sur les sciences dont il parle, et qu’il appuie sa discussion philosophique sur des faits notoires. Il reste toujours dans les données de la science contemporaine, soit qu’il explique la genèse de l’idée d’évolution, ses relations d’opposition avec les hypothèses métaphysiques, soit qu’il analyse le contenu de cette idée et en distingue les principales formes, soit qu’il la vérifie dans ses applications nombreuses, donnant lieu à autant de chapitres distincts : astrogenèse, géogenèse, biogenèse, psychogenèse, sociogenèse, cosmogenèse. Cette partie du livre, de beaucoup la plus pleine et la plus solide, est un résumé substantiel des progrès de la science expérimentale, expliqués par l’évolution. Les jeunes gens et les gens du monde, qui lisent peu les gros livres des savants et des philosophes, ont besoin de livres ainsi faits, compendieux, qui les éclairent, avec une mince dépense de temps et d’efforts, sur le mouvement scientifique de leur temps.

B. Perez.