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tant dans les différentes parties du système, nous donnent une notion de la position de la tête dans l’espace, MM. Mach, Crum Brown et Breuer les regardent comme des organes qui, en raison de l’inertie du liquide qu’ils renferment, nous donnent une notion du changement de position de la tête. La première théorie peut être nommée théorie statique, et la seconde théorie kinétique (Crum Brown). Mais il faut distinguer, dans la seconde, les idées des divers auteurs.

MM. Breuer et Brown supposent que le liquide contenu dans chaque canal semi-circulaire est mis en mouvement dans une direction opposée à celle du canal lui-même pendant les mouvements de la tête. M. Brown, qui a édifié sur cette hypothèse la théorie complète d’un sens de rotation, avait cru d’abord qu’il pouvait même y avoir des mouvements du canal membraneux relativement au canal osseux, Il a depuis reconnu que cela était impossible, à cause dé la manière dont le premier est fixé dans le second. Pour ce qui est de la première hypothèse, il faut se souvenir que les principes applicables à des canaux d’un certain diamètre ne le sont plus lorsqu’il s’agit de conduits presque capillaires, et dans lesquels les mouvements du liquide seraient arrêtés par la résistance des parois et le frottement des couches liquides entre elles, résistance d’autant plus forte que le liquide est très visqueux. Aussi M. Mach a-t-il voulu tourner la difficulté, en expliquant l’action de l’endolymphe par une autre hypothèse, Il admet que les terminaisons nerveuses situées dans les ampoules ne sont excitées que par la pression momentanée que le liquide exerce sur les parois des canaux, dans une direction opposée au mouvement du canal. Mais, dans ce cas, comme le fait justement remarquer M. Cyon, l’excitation ne se produirait forcément qu’au début du mouvement du canal ; et la durée de la sensation serait hors de proportion avec la durée de l’excitation ; tandis que, bien que la même objection puisse être faite à la première forme de la théorie, on pourrait, à la rigueur, admettre que l’excitation se prolonge pendant toute la durée de la sensation. Il est à remarquer, cependant, que M. Brown admet que l’endolymphe, entrainée par les mouvements de la tête, doit finir par acquérir la même vitesse ; et, à ce moment-là, toute perception devrait cesser, pour ne recommencer qu’au moment d’un arrêt brusque. Il n’y aurait alors pas de raison pour que la sensation de vertige fût d’autant plus forte que la rotation a été plus prolongée. Du reste, les expériences instituées par M. Cyon, et rapportées dans sa thèse (p. 41), ruinent définitivement ces diverses hypothèses. M. Cyon a montré, en effet, que l’on peut évacuer la périlymphe d’un canal, la remplacer par un liquide solidifiable qui forme un moule rigide au canal membraneux, comprimer le canal