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J’ai hâte de terminer cette note, car il me faudrait parler de certains points de doctrine, tels que la « justification du péché originel », que les théologiens ont plus à cœur que les simples philosophes. Pour bien entendre ces matières, il faudrait, en outre, connaître les livres de Biedermann, Lipsius et Pfleiderer, et ce sont des auteurs qui malheureusement nous sont moins familiers qu’à M. Wernicke.

Jules Soury.

F. Poletti.Sul una legge empirica della criminalita (note critique). Udine, 1882..

M. F. Poletti, recteur à Udine, auteur d’un mémoire sur la tutelle pénale qu’il a joint à l’ouvrage bien connu du Dr Lombroso l’Uomo delinquente, publie aujourd’hui, sous le titre que nous venons de transcrire, une étude de quelques pages, extraite d’un mémoire encore inédit, Le titre promet plus que le livre ne tient. L’auteur ne nous donne pas une loi empirique de la criminalité, mais une série d’hypothèses qui ne sont, dit-il, que l’application pure et simple du grand principe de la causalité aux phénomènes sociaux, Voici ces hypothèses, textuellement traduites :

« 1o Tant qu’une société se maintient dans des conditions identiques, le rapport entre les actes criminels et les actes non criminels reste constant.

« 2o Ce rapport variera en plus ou en moins suivant que dans le conflit des intérêts et des besoins sociaux un ou plusieurs facteurs recevront une prédominance momentanée.

« 3o La criminalité se proportionne constamment à la somme de l’activité sociale, et il peut arriver que, malgré l’augmentation du nombre des délits, la criminalité subisse une véritable décroissance ; à l’inverse, une diminution du nombre des délits peut correspondre à une augmentation de la criminalité.

« 4o Puisque c’est une loi suprême des associations humaines que toute augmentation de force, que tout développement rationnel de l’activité intellectuelle et économique, et que tout perfectionnement dans l’organisation de l’État contribue à accroître la vigueur et la force de résistance de l’organisme social, la criminalité doit, malgré des apparences contraires, subir une diminution progressive. »

Après l’exposé de ces quatre hypothèses, l’auteur recherche quelle est la méthode à suivre pour mesurer la criminalité d’une époque ou d’un pays. Il reproche aux criminalistes de n’avoir su évaluer que l’état statique de la criminalité et d’avoir négligé ce qu’il appelle la puissance dynamique de ce phénomène. Ces expressions veulent dire que, pour évaluer avec exactitude l’état et le mouvement de la criminalité, il faut comparer la somme des actes improductifs, destructeurs, immoraux, criminels, à la somme des actes producteurs, conservateurs, moraux et juridiques qui se produisent à la même époque dans le