Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 14.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
429
ANALYSES. — H. MUNK. Funclionen der Grosshirnrinde.

visuelle, Munk a été amené à modifier sa manière de voir primitive touchant les connexions qui existent entre les rétines et les hémisphères cérébraux.

Il avait cru d’abord pouvoir admettre que chez le chien ces connexions sont croisées, chaque sphère visuelle commandant uniquement la rétine du côté opposé. Aujourd’hui, si les nouvelles études de Munk sur ce point se vérifiaient, il en résulterait la confirmation expérimentale d’un fait anatomique depuis longtemps connu, à savoir que chez les mammifères supérieurs les fibres nerveuses optiques ne subissent qu’un entrecroisement partiel, la plus grande partie des fibres émanées de chaque rétine se rendant, après entrecroisement, à l’hémisphère du côté opposé, et quelques-unes gagnant directement, sans s’être entrecroisées, l’hémisphère du côté correspondant.

Sans entrer ici dans le détail des expériences, mentionnons seulement les conclusions formulées par l’auteur.

Chaque rétine est, dans sa plus grande partie, reliée à la sphère visuelle du côté opposé, et à celle du côté correspondant dans sa plus petite partie seulement, la plus externe, dont l’étendue ne dépasse en aucun cas le quart de sa surface totale, Cette partie latérale externe de la rétine varie d’ailleurs d’étendue suivant les races de chiens, et se montre d’autant plus grande que la divergence des yeux est moindre.

Quant à la situation relative sur chaque sphère visuelle de la portion affectée à la vision avec l’œil du côté correspondant, et de celle qui est reliée à la rétine du côté opposé, Munk s’est assuré par des expériences nombreuses, consistant en ablations de segments de cette sphère, variables détendue et de situation, que la sphère visuelle est en rapport par son tiers le plus externe avec la partie latérale externe (le quart) de la rétine du même côté ; et par sa portion restante, beaucoup plus considérable, avec la portion, beaucoup plus considérable aussi, qui reste de la rétine du côté opposé. Entre autres résultats dignes d’être signalés, Munk nous apprend encore que de toutes les parties de la rétine, c’est le quart médian de sa moitié externe, où se trouve précisément le lieu de la vision distincte, qui est représenté sur le cerveau par la plus grande étendue superficielle de substance corticale.

Nous terminerons ce qui a trait à la sphère visuelle en résumant rapidement les expériences de Munk sur le cerveau du singe, dont le type morphologique présente avec celui du cerveau humain de si profondes analogies.

On sait que Ferrier, se fondant sur les résultats de ses expériences sur le singe, a placé le centre visuel au pli courbe, et qu’il admet que la destruction de ce pli provoque la cécité de l’œil du côté opposé. Munk, qui ne manque pas une occasion de combattre Ferrier[1], dont il

  1. Voy. p. 37.