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et Hitzig, de Ferrier, de Carville et Duret, comme la région dite des centres moteurs.

Mais déjà Hitzig[1], revenant, en 1874, sur sa première opinion, avait cru devoir admettre, pour expliquer les troubles de la motilité consécutifs aux extirpations limitées de l’écorce dans la zone dite motrice, la perte d’une faculté spéciale : la conscience musculaire (Muskel-bewusstsein).

Schiff[2], d’autre part, et Nothnagel[3], avaient considéré ces troubles, le premier comme relevant de la sensibilité cutanée, les centres corticaux lésés devenant ainsi des centres réflexes ou excito-moteurs, le second comme résultant d’une perturbation du sens musculaire.

Il y avait loin de ces diverses manières de voir à la paralysie de la motricité corticale de Carville et Duret.

Munk, après avoir d’abord partagé l’opinion de beaucoup la plus répandue parmi les physiologistes, à savoir qu’il existe dans l’écorce du cerveau des centres directement incitateurs des mouvements volontaires, en est arrivé depuis à interpréter les faits dans un sens différent, et qui se rapproche en quelque manière des conceptions de Schiff et de Hitzig. Il admet, en effet, l’existence d’une grande zone corticale, qui correspond sur chaque hémisphère aux lobes frontal et pariétal, et qui est liée à l’exercice de la sensibilité générale, au sens de la sensibilité (Gefühlssinn), si l’on peut ainsi parler, comme la sphère visuelle est liée au sens de la vue.

Là se forment les perceptions qui ont leur source non seulement dans la sensibilité cutanée, mais encore dans la sensibilité générale de toutes les parties de l’organisme ; là, les notions venues par cette voie à la conscience se transforment en limages représentatives et commémoratives des sensations perçues.

En ce qui concerne d’abord la sensibilité cutanée, elle donne naissance à deux ordres de sensations : sensations de contact ou de pression ; sensations de température. Les premières, qui seules peuvent être l’objet d’investigations sur les animaux, sont la source des notions représentatives concernant l’existence et la situation des objets qui viennent à toucher la peau, comme aussi de la connaissance de l'étendue et de la force de ces contacts. Vient, en second lieu, le sens musculaire, qui concourt, avec les sensations de contact ou de pression, à fournir la claire représentation de la situation des différentes parties du corps à un moment quelconque, et des changements survenus dans leur situation quand des mouvements leur sont imprimés (mouvements passifs). Munk, enfin, admet un sens de l'innervation, dont les manifestations ne sont point isolables, mais qui est l’origine de sensations

  1. Untersuchungen über das Gehirn ; Berlin, 1874.
  2. Lezione sopra il systema nervoso encephalico ; Firenze, 1814, — Archiv für experimentelle Pathologie ; Bd. 3, 1875.
  3. Virchow’s Archiv, Bd. 57, 1878.