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des observations ; l’exploration paraît poussée très loin, L’auteur allemand ne craint pas de constater chez les chiens la perte du sens musculaire, du sens des mouvements, du sens du toucher, la perte des notions de lieu, d’étendue, et du sens de l’innervation. Nous nous contenterons de faire appel à l’expérience des physiologistes qui savent combien est difficile, chez les chiens, l’exploration, même grossière, des phénomènes de la sensibilité. Ni la méthode du physiologiste allemand, ni les principaux résultats de ses recherches ne sont absolument nouveaux, La différence est minime au fond, au point de vue de leur siège, entre les localisations de Ferrier et celles de Munk..…….. Abstraction faite des théories, les faits observés par celui-ci confirment l’existence et les caractères des troubles observés par Hitzig, Schiff, Carville et Duret, à la suite des extirpations des différentes régions de l’écorce grise. Ce qui lui est réellement particulier, c’est sa théorie de la sphère sensible. L’avenir nous apprendra si l’on doit admettre la réalité de cette théorie[1]. »

Georges Hervé.

Dr. Alex. Wernicke.Die Religion des Gewissens als Zukunfts-ideal.La religion de la conscience comme idéal de l’avenir. (Berlin, Cari Duncker, in-8, xiv-127 pp. )

L’auteur avoue dans sa préface qu’il s’inspire de Kant et de Fr.-Albert Lange. Il leur doit beaucoup en effet : il doit beaucoup aussi à Schopenhauer et à Kuno Fischer pour l’interprétation de Kant, comme il le reconnaît lui-même. Cette préface donne une idée assez exacte du reste de l’ouvrage : on y trouve mêlées des spéculations philosophiques et théologiques, avec des préoccupations politiques et religieuses. M. Wernicke professe le panthéisme, qu’il prétend déduire des principes de Kant. Il nie la liberté humaine et demande l’appui de l’État pour « l’aile gauche protestante, » en même temps qu’un enseignement religieux non confessionnel dans toutes les écoles.

Le christianisme est une religion usée qui a fait son temps. C’est du moins ce que l’auteur s’efforce de démontrer dans son [er chapitre, intitulé « Formation et décadence de la doctrine chrétienne, » Ce chapitre est sans contredit un des plus faibles de l’ouvrage. L’auteur y parcourt l’histoire du christianisme depuis ses origines les plus lointaines jusqu’à nos jours et tranche sans s’en apercevoir, avec une merveilleuse facilité, les questions les plus controversées sur la vie de Jésus, la formation du dogme, l’apostolat de saint Paul, etc. Jésus, dit-il, n’avait pas compris le christianisme comme le protestantisme libéral le comprend. La doctrine de Jésus n’a plus rien d’acceptable aujourd’hui, Sa morale même, fondée sur l’attente du châtiment ou l’espoir des récompenses, ne peut plus nous satisfaire. Il faut renoncer

  1. Le Progrès médical, 1879, nos 9, 10, 11, 12.