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3. Théséologie ou Dynamique,                  Méthode d’observation,
science des situations.

4. Poiologie ou Physique,                   Méthode d’expérimentation,
science des modalités.

5. Craséologie ou Chimie,                       Méthode d’intégration,
science des combinaisons.

6. Morphologie,                                   Méthode de comparaison,
science des formes.

7. Praxéologie,                                     Méthode de connexion,
science des fonctions.

Ce tableau montre en premier lieu que l’auteur a une tendance accusée à forger des mots nouveaux aussi bien qu’à détourner de leur sens ordinaire des mots déjà créés avant lui, Mais, quelque répulsion personnelle que j’éprouve pour l’abus du suffixe logie, je m’abstiendrai de le chicaner à ce sujet et me contenterai de faire usage le moins possible de sa terminologie.

Comme nous l’avons dit, nous examinerons plus loin si Comte a eu tort de ne pas placer avant les Mathématiques une science consacrée à la Logique. Pour le moment, considérons les autres différences marquées qu’offrent sa classification et celle de M. Bourdeau.

La première se rapporte à la Dynamique, dont ce dernier fait une science générale en la concevant d’ailleurs comme l’étude des effets de la pesanteur et de la gravitation universelle, ce qui comprend comme cas particulier les lois de l’astronomie. M. Bourdeau reproche à Comte : 1o d’avoir rangé la Mécanique rationnelle dans les Mathématiques ; 2o d’avoir constitué en science générale l’Astronomie, qui est l’étude de faits particuliers ; 3o d’avoir rejeté l’étude de la pesanteur dans la Physique.

Sur le premier point, je ne puis aucunement partager l’avis de notre auteur. Il méconnaît entièrement l’objet et le caractère de la Mécanique rationnelle ; elle n’a rien à faire ni avec la pesanteur, ni avec la gravitation universelle, qui correspondent à des réalités. Elle étudie les relations possibles entre des grandeurs abstraites ; elle les étudie par voie de déduction en partant de principes, axiomes ou hypothèses qui n’ont pas avec l’observation un rapport plus intime que les axiomes de la géométrie. La mécanique rationnelle est donc incontestablement mathématique à tous les points de vue.

Loin de limiter le champ de la mathématique aux nombres et aux grandeurs figurées, il faut au contraire reconnaître qu’il est destiné à s’étendre indéfiniment à mesure que les progrès de la science permettront de plus en plus de substituer à la recherche inductive des relations réelles l’étude déductive des possibilités. Ce progrès est déjà accompli pour une partie de la physique d’une manière assez évidente, et les tendances actuelles de cette science visent à l’accélérer de plus en plus.

Sur le second point, on ne peut nier que l’astronomie ait un objet particulier. Mais l’observation, qui est sa méthode, suppose nécessai-