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ANALYSES. — G. SERGI. Teoria della percezione.

phénomènes. La psychologie, qui aujourd’hui sort à peine de l’état, morbide où elle a langui, qui depuis peu de temps à peine a conquis la voie qui la conduira à des découvertes plus sérieuses et plus importantes, a réellement besoin de cette méthode rigoureusement scientifique qui est l’observation attentive et minutieuse des faits d’où peuvent et doivent être tirées les lois fondamentales. Cette méthode ne peut être que physiologique, si le phénomène psychique est la différenciation la plus élevée de la fonction organique, Je considère donc l’expression de psychologie physiologique comme transitoire dans l’état actuel de la science, et cela pour indiquer la nouvelle méthode de recherches et la phase nouvelle dans laquelle entre la science. Quand la méthode sera consolidée et la science développée, l’attribut physiologique deviendra inutile… Je me suis donc tenu strictement à la méthode indiquée, cherchant d’autre part à revendiquer pour la psychologie comme science spéciale toutes les contributions de la physiologie. La psychologie doit beaucoup à cette science ; elle a reçu d’elle le sang et la vie. Aussi, à ceux qui m’accuseraient d’avoir fait ici plus de physiologie que dei psychologie, je n’aurai à mon grand regret, qu’une réponse à faire : c’es qu’ils n’y entendent rien. » (Prefazione, xvii-xvii.)

L’auteur expose dès le début la thèse capitale qui est le fond de son livre et vers laquelle il fait converger toutes ses descriptions et ses recherches. La voici en quelques mots : La sensation est une phase embryonnaire de la perception ; celle-ci représente un degré plus élevé dans l’évolution et a pour caractère fondamental la localisation. Cette localisation se fait par un retour de l’excitation sensitive vers la périphérie. Enfin le maximum de localisation des processus nerveux est représenté par l’attention.

Passons aux détails et examinons les faits et les raisonnements que M. Sergi invoque à l’appui de sa thèse.

Par perception, l’auteur entend, avec la majorité des psychologues, « la représentation consciente de quelque chose qui existe hors de nous, » Entre les processus qui la constituent et ceux qui produisent la sensation, y a-t-il quelque différence ? Aucune essentielle, Comment se fait-il donc que l’on distingue ces deux phénomènes, si les processus sont identiques ? En fait, la sensation ; est le phénomène fondamental entre tous les phénomènes psychiques ; mais la sensation, sans caractère perceptif est une phase embryonnaire, et elle se trouve dans la phase embryonnaire de la vie de relation chez les nouveau-nés. Elle a donc besoin d’un processus pour se développer et devenir définitivement la perception dans son état actif et complet. Dans ce processus évolutif, il y a passage de l’homogène à l’hétérogène, du vague et de l’indéterminé au déterminé et au défini. La sensation n’est pas localisée, la perception l’est au contraire, et la localisation implique des rapports dans l’espace ce qui est le caractère distinctif de la perception.

Chez l’adulte, la sensation, c’est-à-dire cette modification diffuse dans l’organisme, n’est en ce qui concerne les sens externes qu’une abstraction.