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E. Seppili : Les bases physiques des fonctions mentales (II). La circulation du sang dans le cerveau et sa relation avec les phénomènes psychiques. — Le présent article fait suite à un autre déjà publié par l’auteur dans le troisième fascicule de la Rivista, et qui avait pour objet la structure de l’écorce cérébrale. Il s’agit ici principalement de l’influence de la circulation du sang dans le cerveau sur les fonctions psychiques, et réciproquement de l’influence des opérations mentales sur la circulation et les phénomènes généraux et particuliers qui lui sont subordonnés. L’auteur décrit minutieusement l’appareil psycho-graphique et expose en détail les expériences de Mosso, sans oublier celles de Mays, de Franck, de Marey, de Tamburini, de Giacomini. Il rappelle une foule de faits déjà connus, mais dont le groupement ne manque pas d’intéresser : par exemple, le fait établi par les expériences de Conty et Charpentier (il aurait pu ajouter à ces noms celui de Cl. Bernard) que le cœur n’est pas le siège des émotions, mais un centre de réaction des impressions cérébrales ; l’influence de l’irrigation sanguine et des mouvements du cerveau sur la contraction des vaisseaux de l’avant-bras, sur la contraction de la vessie ; l’influence de la musique sur nos mouvements et nos émotions expliquée par l’activité dans laquelle entrent les centres psychiques stimulés par les vibrations sonores, etc. Tous ces faits, le détail de toutes ces expériences rendues plus frappantes grâce au tableau qui est ajouté au texte, font de cette étude un bon chapitre de psycho-physiologie.

Revue synthétique. — E. Morselli : Le démon de Socrate. — Que des individus tout à fait sains d’esprit puissent être sujets à des illusions et à des hallucinations, c’est un fait mis hors de doute par la psychologie moderne. La psychologie pathologique a aussi démontré (Brierre de Boismont, Luys, Ferrier, Moreau de Tours) la possibilité d’une hallucination isolée qui peut troubler pendant quelque temps une zone déterminée du cerveau sans léser les autres parties. Par suite, on a admis, on admet encore que quelques-uns des plus grands génies dont s’honore la pensée humaine furent des hallucinés. Ainsi Socrate, qui se croyait, qui se disait inspiré par un démon, par un génie, ne l’était que par une excitation maladive de son divin cerveau. La question n’est rien moins que facile à résoudre, parce qu’il s’agit de procéder sur des documents vagues, peu sûrs, en grande partie légendaires, et parce qu’il s’engage sur cet objet une lutte entre des sentiments de caractère très délicat. D’un côté se rangent ceux qui voient une offense à la gloire du philosophe et à la dignité de la philosophie dans les mots d’halluciné et d’hallucination ; de l’autre côté se placent ceux qui voudraient trouver dans tout esprit humain les traces évidentes de sa nature animale et de sa subordination aux lois inéluctables de l’organisme.

Morselli estime que, conduite sur ce terrain, la discussion est inutile et dangereuse. On ne peut envisager ces question de psychologie historique par un seul côté, mais il faut les examiner sous tous les points de vue qu’elles présentent. C’est donc sur les savantes discussions philo-