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riences, a donné : moyenne : 11,773 ; erreur moyenne : 0,6233 ; maximum : 11,866 ; minimum : 1,744 ; différence : 0,122 ; le même mot écrit d’une écriture lente a donné : moyenne générale ; 3,586 ; erreur moyenne : 0,101 ; maximum : 3,880 ; minimum : 3,270 ; différence : 0,610.

Écriture normale avec la main droite et avec la main gauche : les moyennes de temps et d’erreurs sont plus élevées pour la seconde expérience. Écriture lithographique et écriture normale : la durée du temps est pour la première, par exemple, de 100, et, pour la seconde, de 105 ; pour l’erreur moyenne, la première est avec la seconde dans le rapport de 100 à 106.

Les mouvements d’abduction pour tracer une ligne droite donnent les résultats suivants : durée moyenne : 0,745 ; erreur moyenne : 0,0220 ; maximum : 0,792 ; minimum : 0,703 ; les mouvements d’abduction donnent : durée moyenne : 0,693 ; erreur moyenne : 0,0410 ; maximum : 0,831 ; minimum : 0,576.

Nous voici à la dernière expérience. Ayant voulu déterminer le temps qu’il mettrait à se figurer sa main se mouvant sur la lame métallique et y inscrivant les lettres dont se composent les mots Dante et Omero, Buccola a trouvé le rapport de 100 à 134 pour Dante, et celui de 100 à 125 pour Omero, entre les durées réelles graphiques et les durées imaginaires.

A. Asturaro : Égoïsme et intérêt (Bentham et Kant). — La doctrine kantienne du désintéressement ne peut pas parvenir à une conclusion positive par rapport à la réalité de l’idéal moral. La doctrine utilitaire de Bentham est défectueuse, même au point de vue utilitaire, en ce que la relation entre le bien individuel et le bien général n’est ni absolue ni nécessaire. À l’une il manque pour base l’expérience ; à l’autre il manque pour couronnement l’universalité. La morale kantienne repose sur une exigence de la conscience humaine : le désintéressement. Le système opposé devait, dans le cours de son développement, arriver à reconnaître cette exigence. C’est ce qu’il a essayé de faire. Dans tous les systèmes qui ont confirmé celui de Bentham, nous trouvons une exigence commune, à savoir que le plaisir n’est pas recherché consciemment et délibérément ; et c’est là un progrès sur Bentham. Mais le désintéressement complet ne se voit pas encore : examinés à fond, le sentiment social de Mill, les idées fixes de Bain, la sympathie de Spencer, opèrent tous au moyen du plaisir plus ou moins dissimulé dans la conscience. On peut cependant concilier tous ces principes avec celui du désintéressement. Voici, du reste, comment disparaîtra la restriction du critérium utilitaire qui met en opposition le bonheur individuel et le bonheur général : 1o par l’évolution psychologique ; grâce à elle, le plaisir qui suit l’accomplissement de la loi morale deviendra assez puissant pour compenser les douleurs que l’action désintéressée peut apporter à l’individu ; 2o par l’évolution sociale : grâce à elle, la constitution de la société se réformant et l’antagonisme des intérêts cessant, le sacrifice vrai et définitif sera rendu impossible.