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il s’étudie à amener les autres sciences à découvrir les dernières raisons de leur apparition et de leur développement dans la philosophie, qu’il appelle précisément intégrale. » Ce livre, d’un rationnalisme systématique, est loué dans toutes ses divisions et subdivisions, qui n’ont pourtant, rien de neuf que l’excentricité du langage. Bornons-nous à expliquer à nos lecteurs la signification de quelques-uns des plus marquants. Peut-être seront-ils heureux d’apprendre que la philosophie, la science intégrale, donnant de toute représentation l’explication qu’elle tenait d’abord cachée en elle-même, devient elliptique de latente, et bielliptique de sous-latente, autrement dit qu’elle passe du jugement au raisonnement. Je me hâte d’arriver à la fin ; là se trouvent analysées les quatres parties de la philosophie (psychologie, métaphysique, logique, cosmologie), et il y est discouru des cinq commandements pentapantomoniques elliptiques, qui sont la foi en soi, la mutuelle coopération, l’épargne, la liberté, l’intégrité — T… analyse et apprécie très favorablement l’Homme et le matérialisme du docteur G. Scalzuni.

Mai-juin. — F. Bonatelli : Sur la valeur théorique des principes pratiques, à propos d’un livre de M. Ollé-Laprune. — On s’efforce de nos jours par tous les moyens d’enlever à l’éthique toute apriorité, d’en bannir l’obligation inconditionnée et le désintéressement. On s’irrite de voir encore debout, sur les ruines de la première, la seconde métaphysique de Kant, celle de la morale, qu’il a édifiée sur l’impératif catégorique. Tous les efforts herculéens de l’empirisme ne parviendront pas à la jeter à terre. Les convictions, pour ne pas dire les vérités morales, se rattachent indissolublement aux vérités métaphysiques ; l’homme ne peut espérer, sentir, agir d’une manière, et connaître et penser d’une manière toute contraire. Ce que d’une main Kant avait renversé, il le reconstruisait de l’autre main. C’est là le point mis en lumière par M. Ollé-Laprune. Les vérités de l’ordre moral ont, selon lui, une certitude différente de la certitude scientifique. Une telle certitude, bien que réclamant de la part du sujet certaines conditions personnelles, certains actes de la volonté, n’est pas pour cela une illusion, une opinion subjective, elle laisse à la vérité qui en relève le caractère d’objectivité absolue. L’auteur, sans passer sous silence les défauts du livre, abonde dans le sens de l’écrivain français, et il défend sa thèse contre l’interprétation que M. Janet en a faite dans la Revue des Deux Mondes (15 octobre 1881).

T. Mamiani : Cosmologie et psychologie. — Impuissance et contradictions des systèmes repoussant les principes de causalité en de finalité qui prétendent tout expliquer dans le monde et dans l’homme par les forces infuses dans la matière (Büchner), l’intelligence immanente à l’atome (Hæckel), l’évolution et l’involution nécessaires des éléments primordiaux (Spencer). Ces hypothèses, sont contredites par le peu que nous savons des manifestations cosmiques ; elles ne résistent pas à l’observation sans parti pris des différents êtres compris dans les trois règnes de la nature (celui de l’homme mis à part), que