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ne se trouve pas formulé avec cette précision dans Bacon, n’est pas moins vide que cette autre devise vouloir c’est pouvoir, qui a fait tant de bruit de nos jours et a contribué à fomenter tant d’ambitions impuissantes et malheureuses. Quoi qu’il en soit, Bacon a entrevu les vraies applications de la science. Il en a même compris la véritable et légitime direction, comme le témoignent sa doctrine sur la forme et sur les natures simples. À ce propos, l’auteur montre que le problème de la forme et des natures simples était à peu près celui que dans le langage philosophique on entend par l’’énumération des catégories. Mais la doctrine de Bacon a ceci de spécial qu’en admettant tacitement qu’on ne peut connaître des choses que les attributs, et que seulement un certain ensemble d’attributs constituent l’objet, il croit qu’on doit chercher les catégories des attributs ou propriétés des choses, en déterminer scientifiquement la nature, parce que de l’entrelacement de ces attributs généraux résultent tous les autres attributs et par suite toutes les propriétés particulières de chaque chose comme individuelle, c’est-à-dire la forme de la chose même. » Interprétation un tant soit peu embrouillée d’une doctrine assez obscure pour son auteur lui-même.

T. Mamiani : Philosophie juridique : nouveau criterium dont a besoin le droit pénal. — M. Mamiani est frappé de l’altération du sens moral relativement à l’office juridique d’imputabilité. Une doctrine qui se répand dans le peuple, et qui s’exprime trop’souvent dans les résolutions des jurys, est celle qui consiste à atténuer autant que possible la responsabilité morale et à chercher des excuses au délit, soit dans un défaut d’éducation, soit dans les influences du milieu social, soit dans la violence irrésistible de certaines tendances ou passions, enfin à chercher de toute façon des signes et des indices d’aliénation mentale. M. Mamiani fait la part du libre arbitre dans certaines propensions, habitudes ou états, non seulement psychologiques réguliers, mais anormaux. Il insiste sur ce point qu’il conviendrait aux docteurs aliénistes d’écrire un manuel minutieux et détaillé, non sur les fous, mais sur ceux qui mêlent à leurs violentes et habituelles passions quelque moment de manie, au point de perdre pour un temps l’usage ordinaire de la raison. Il est nécessaire de distinguer avec plus de soin et de netteté que jamais les apparences de la folie de sa certaine et durable réalité, de distinguer les obsessions et les monomanies coupables des innocentes, et d’indiquer aux jurés avec quelles règles et dans quel esprit ils doivent procéder à l’examen de cette catégorie des prévenus.

Bibliographie. — Analyse par T. Mamiani de l’Aristotélisme de la scolastique dans l’histoire de la philosophie par S. Talamo, troisième édition. — Analyse par G. Fontana du livre publié en français et en allemand par de Seoane sous ce titre : Philosophie elliptique du latent operant. Ce titre un peu complexe et un peu bizarre annonce, qui le croirut ? une œuvre de philosophie sérieuse. L’auteur, « un des meilleurs esprits spéculatifs de l’Espagne, » tend « à donner à la philosophie un nouvel horizon en la mettant à la tête de l’universel savoir » ;