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cessus de formation pour l’ouïe, l’odorat, le goût. La relation est parfaite et directe entre l’unité de ces divers sens et l’étendue des facultés locomotrices des animaux. De plus, on reconnaît que tous les mouvements ont pour effet de maintenir la vie et le bien-être de l’animal, de telle sorte que M. Bastian poserait volontiers la formule des stoïciens et de Spinoza, que tout être tend à persévérer dans son être. Enfin la part des sensations viscérales et des impressions dérivant des contractions musculaires est considérable dans l’augmentation de complexité et de précision des facultés locomotrices.

L’auteur entre alors dans le détail de son œuvre, en commençant, au chapitre IV, la description du système nerveux des principaux types animaux, qui sera poursuivie jusqu’à la fin simultanément avec l’étude des facultés psychiques. Il ne dit pas pour quelles raisons il s’écarte de l’ordre zoologique habituel, en s’occupant d’abord du système nerveux des mollusques ; puis il passe à celui des vers et à celui des arthropodes. De ces descriptions, très claires et suffisamment complètes, il résulte d’une façon évidente que le développement des facultés sensorielles et locomotrices est en rapport direct avec le développement du système nerveux chez tous les invertébrés, et qu’il y a une corrélation analogue entre ces deux développements et celui des organes internes. De ce dernier fait il suit que « les impressions qui émanent des viscères et stimulent l’organisme à exécuter des mouvements de diverses sortes, soit à la poursuite de la nourriture, soit en vue de l’union sexuelle, sembleraient avoir une importance proportionnellement plus grande, comme faisant partie de la vie mentale ordinaire des invertébrés. La combinaison, en groupes complexes, de pareilles impressions avec les mouvements guidés par les sens, dont elles sont suivies, apportera une base au développement d’un grand nombre d’actes instinctifs que les animaux montrent si fréquemment, » (P. 88.)

Après l’étude du système nerveux des invertébrés vient naturellement celle du système des vertébrés. L’auteur décrit d’abord celui des poissons et des amphibies (ch. VIII), puis celui des reptiles et des oiseaux (ch. IX). Il donne, avec figures à l’appui, bien entendu, comme il avait déjà fait pour le système nerveux des invertébrés, les caractères généraux du cerveau dans ces différentes classes d’êtres et marque les progrès qu’il a reçus. C’est d’après une idée philosophique très juste, ce semble, qu’il ajoute une brève description du système nerveux viscéral ; il pense en effet que les impressions émanant des viscères jouent un grand rôle dans la vie mentale de ces animaux ; chez eux, « beaucoup d’impressions viscérales, écrit-il, peuvent parfaitement être plus conscientes que celles que nous éprouvons ; et elles peuvent entrer pour une proportion beaucoup plus grande dans la trame d’impressions sensitives qui constituent la base de la vie consciente de ces êtres. » Le professeur Owen a dit avec vérité des poissons que « l’appétit pour la nourriture paraît être leur désir prédominant,