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ANALYSES.s. corleo. Filosofia universale.

dres, et que l’action de la matière organique concourt moins aux résultats particuliers. » (P. 236.) Une hypothèse absolument gratuite, c’est que l’abstraction et l’attention fonctionnent avec le plus d’isolation possible es organes : plus de précision, de concentration, de simplicité apparente et de complexité réelle, peut-être. M. Corleo n’en établit pas moins sur cette hypothèse ce raisonnement tout à fait mathématique : « La preuve de l’existence d’un être d’autre nature, constitué par un été substantif supérieur, se trouve dans ce fait spécial que, pendant que les éléments d’une fonction organique diminuent, la somme d’action résultante est plus grande que la quantité numérique d’éléments retranchée d’où il suit que la plus grande partie d’une telle somme doit appartenir à un seul des éléments. » (P. 232.)

L’argument vaut encore pour la volonté, pour la liberté morale. Les motifs idéaux (par opposition aux désirs opérant fatalement dans les basses sphères des sensations) ne sont qu’abstraction, c’est-à-dire quantité moindre de matière organique en fonction. » (P. 237.) De là un dilemme auquel M. Corleo déclare qu’on ne peut échapper : « Ou parmi les éléments qui composent l’homme il y en a quelqu’un de non semblable aux autres, supérieur en action à ses coassociés, en somme d’autre nature, et alors a lieu la disproportion croissante des résultats en raison de la diminution des éléments matériels ; ou bien, si tous les éléments sont d’égale nature et valent autant l’un que l’autre, alors leur diminution en une fonction, soit de mouvement, soit de pensée, soit de motif, doit produire une diminution fatale de résultats, et surtout de liberté. Si donc le fait constant démontre que dans l’homme, à mesure qu’augmente l’analyse des mouvements et des perceptions, que progresse l’abstraction et que diminue la quantité de la matière organique fonctionnante, il y a accroissement de résultats, efficacité et liberté plus grande d’action, il est clair qu’au milieu de ces éléments, qui concourent à la production de tels résultats, il doit en exister un d’une autre nature, un qui vaut plus que les autres, en sorte que la résultante n’est plus en rapport avec la diminution du nombre des éléments, mais en rapport avec la plus grande action substantielle qui prévaut sur les autres et s’attribue la grandeur du résultat même. » (P. 237.)

Comme nous n’accordons nullement à l’auteur du dilemme l’hypothèse que la grandeur ou l’élévation du résultat est en rapport avec la diminution des éléments organiques subjectifs en fonction, cet argument ne nous convainc pas. Nous nous permettrons seulement de demander à M. Corleo s’il est bien sûr de n’être pas tombé en contradiction avec lui-même. Cet un, dont la prévalence sur les autres éléments concourt avec eux à produire des résultats tels que l’attention, la mémoire supérieure, l’abstraction, la liberté, la conscience, cet un qui prédomine sur eux par le droit du plus fort, qui les rend inutiles, ou qu’ils devraient rendre inutile, d’où lui vient son efficacité ? Il nous paraît remplir, soit simultanément (ou potentiellement), soit successivement (ou