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notices bibliographiques

avant tout être fidèle à sa méthode, surtout quand elle est bonne. Le fait est que l’occasion qui a donné naissance au Ménon n’a pas encore été constatée ; elle nous donnerait sans doute la clef de la difficulté, par exemple si cette occasion était un écrit de Xénophon. Il n’y aurait pas en particulier à s’étonner de la façon dont Ménon, mais non pas Socrate, conçoit le rôle de la femme (71, C), façon qui évidemment n’est pas celle du protagoniste de la République.

Quant au Phédon, les arguments de Teichmüller ne sont point, il est vrai, décisifs, mais ils ne m’en paraissent pas moins plus valables encore que celui de M. Chiappelli. Il s’agit en fait d’une expression οὐδενὸς οὐδὲν ὑγιές, assez frappante, qu’on trouve à la fois dans le Plutus d’Aristophane et dans le Phédon de Platon. Le rapprochement des deux passages a été fait par le scholiaste d’Aristophane, ce qui justifie suffisamment l’hypothèse que l’un des deux auteurs a emprunté à l’autre son expression. Mais je ne puis voir rien de plus ; il n’y a pas, à proprement parler, d’allusion véritable, ni dans un sens, ni dans l’autre. Dès lors, de quel côté est la probabilité de l’emprunt ? On ne peut guère répondre qu’en rappelant la tradition qui attribue, au reste, à Platon une telle familiarité avec les écrits d’Aristophane qu’on devrait croire à des emprunts de ce genre en beaucoup plus grand nombre.

Paul Tannery.