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voulait Rosmini. L’auteur de l’article défend Rosmini contre les allégations des faux thomistes et restitue la vraie définition donnée par Rosmini : « L’homme est un sujet animal, intellectif et volitif. » — Observations (de T. Mamiani) sur l’article qui précède. Tout cela, vraiment, n’est pas d’un intérêt bien sérieux.

T. Mamiani : Philosophie juridique. — Il s’agit d’une question toute d’actualité, que le philosophe envisage au point de vue élevé des principes l’extradition des délinquants politiques, et spécialement de ceux qui ont répandu le sang sur l’ordre d’un parti ou par fanatisme propre et individuel. T. Mamiani reproduit, en y ajoutant quelques considérations, les idées qu’il avait déjà émises sur ce sujet dans ses Problèmes sociaux. Il proposait dans ce livre la réunion d’un congrès extraordinaire de philosophes moralistes, qui, sans céder à aucune préoccupation touchant l’intérêt, l’influence ou l’orgueil de telle ou telle nation, examinerait au sens éthique pur ces trois points : 1o si l’on peut distinguer une morale ordinaire et une morale politique ; 2o si le citoyen, comme individu et comme simple particulier, peut exécuter les châtiments et les vengeances réservés au pouvoir suprême de tel ou tel corps social ; 3o si l’autonomie des États et leur liberté hospitalière les exemptent de réparer les profondes infractions de la justice universelle et de la moralité commune. T. Mamiani discute et résout très sagement ces questions, en s’appropriant, à quelques restrictions près, les idées de Bluntschli sur l’extradition du réfugié politique. Il penche pour le refus d’extradition.

A. Chiappelli : Panėtius de Rhodes et son jugement sur l’authenticité du Phédon. — La critique moderne est souvent arrivée, même relativement à l’authenticité des écrits platoniciens, aux conclusions les plus résolument négatives. Elle peut trouver un lointain précurseur dans le fondateur du stoïcisme romain. C’est un exemple unique dans l’antiquité. Voici quelques-unes des raisons qui ont amené le savant et hardi stoïcien à nier l’authenticité du Phédon. C’est l’unique dialogue platonicien où Platon se nomme lui-même à la troisième personne. L’opposition entre la partie supérieure et la partie inférieure de l’âme se trouve dans tous les dialogues, excepté dans le Phédon, où il y a opposition entre le corps et l’âme dans son ensemble. La tripartition de l’âme, sur laquelle il est tant insisté dans les autres dialogues, n’est pas mentionnée dans le Phédon. Il paraissait inexpliquable à Panétius que Socrate soutint dans le Phédon, avec abondance d’arguments dialectiques et luxe de métaphores et d’images poétiques, l’immortalité de l’âme, dont on sait qu’il avait douté ouvertement partout ailleurs. Le jeune et savant auteur de l’Interprétation panthéistique de Platon donne, à l’encontre de Zeller, les raisons critiques du silence que les historiens de Panétius ont presque tous gardé sur le doute qu’il a eu, selon toute probabilité, quant à l’authenticité du Phédon. Il termine en disant que c’est là le premier exemple connu d’une critique platonicienne fondée sur des raisons internes, en grande partie personnelles,