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et que cet exemple est certainement, comme dit Grote, des plus malheureux. Mais il est en même temps une preuve de grande indépendance de jugement, et d’une rare hardiesse dans le grand rénovateur du stoïcisme.

Bibliographie : La philosophie morale d’Aristote, abrégé de Zanotti, avec notes de L. Ferri et de Fr. Zambaldi.

II. T. Ronconi : Du nom commun. — Etudiant le raisonnement dans ses parties constituantes, l’auteur se demande quelle est la nature du nom commun, qui est le mot le plus important dans l’expression de nos idées. Il examine les définitions que le réalisme, le conceptualisme et le nominalisme en ont données, la théorie de Hobbes, celle d’Hamilton, la critique que S. Mill a faite de cette dernière, les idées de Bain et de Spencer sur la matière. Il prend chacune de ces théories en défaut, tout en y signalant les éléments d’une doctrine intermédiaire qu’il a le tort de ne pas assez préciser. Il cherche, pour son compte, la solution du problème, dans une étude un peu vague, selon nous, de la sensation, de la représentation et de la pensée abstraite.

G.-S. Tempia : La valeur éducative des études sociales et la culture féminine. — L’influence que nos idées ont sur nos actions s’exerce par le moyen d’un travail intérieur, par une espèce de digestion morale, qui transforme l’idée en sentiment. Cette faculté de transformer l’idée en sentiment est beaucoup plus grande dans la femme que dans l’homme. On sait, d’ailleurs, que la manière de sentir des femmes, soit épouses, soit mères, contribue fort à déterminer le mode d’action des hommes. Si donc nous pouvions élever d’un degré la culture de la femme, nous verrions la moralité s’élever d’autant, et croître en même temps la douceur des mœurs, la force des desseins, la sincérité des opinions, le courage de la parole. C’est pourquoi l’auteur se demande si les esprits féminins doivent être conviés aux études sociales, qui ont une influence prépondérante sur le sentiment. Elles doivent, selon lui, rester éloignées des études sociologiques, études de sciences en formation, où l’excitation sentimentale serait périlleuse et où il faut rigoureusement faire abstraction du sentiment. Mais il faut les admettre à l’étude de sciences sociales, que l’auteur distribue en trois classes : les études morales, juridiques et économiques. Faire les femmes s’appliquer à des études économiques et juridiques, c’est, dit-il, donner dans la société une circulation beaucoup plus active et féconde aux idées touchant la dignité du travail, la solidarité sociale, la valeur pratique absolue de plusieurs vérétés relatives, la puissance de l’énergie individuelle par rapport à l’action collective, la conciliation des intérêts opposés, etc. Toutes ces idées, non seulement ont une valeur propre par leurs rapports avec nombre d’autres idées, parce qu’elles sont des criteria, et en cette qualité gouvernent la formation de classes entières d’idées ; mais elles ont une valeur considérable pour les actions, parce qu’elles pénètrent profondément en nous et se répandent dans la société, s’y transforment en sentiments qui entretiennent et règlent notre activité.