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Parmi ces derniers, il range la peinture, la sculpture et la musique. Itaque ad pingendum, ad fingendum, ad scalpendum, ad nervorum eliciendos sonos. Les arts utiles sont l’architecture ou l’art de bâtir et de couvrir les édifices, l’habillement, l’art de vêtir le corps, celui de travailler le fer et les métaux, de fondre l’airain. Suit une énumération des arts et des inventions de l’industrie humaine, de la navigation. Les arts libéraux sont distingués des arts mercenaires ou serviles (De offic., I…). Le commerce est exclu des professions libérales. Tous les artisans exercent un art servile : Opifices omnes in sordida arte versantur (I. 42.). Mais l’agriculture est l’art le plus digne d’un homme libre : Nihil agricultura homine libero dignius ; nihil uberius, nihil dulcius. Parmi les arts de l’esprit, naturellement brille au premier rang l’éloquence ou l’art oratoire. Entre l’éloquence et la poésie, Cicéron ne voit pas le moyen de tracer des limites précises : Est enim finitimus oratori poeta… nullis ut terminis circumscribat et definiat jus suum (De orat., I. 15 ; Cf. Orat., 30).

Les stoïciens méprisent les beaux arts, selon eux objet de luxe et de désirs superflus. Leur effet est d’amollir et de corrompre les mœurs. Les seuls arts méritoires dit Sénèque, sont les arts utiles : Meritoria artificia sunt hactenus utilia. (Ep. 88.) Quant aux arts libéraux, ainsi appelés parce qu’ils sont dignes d’un homme libre, quia homine libero digna sunt, ne croyez pas que le philosophe consente à mettre au nombre des arts libéraux la peinture, la statuaire et les autres arts ministres du luxe : Non adducor ut in numerum liberalium artium pictores recipiam, non magis quam statuarios aut marmoreos, aut cæteros luxuriæ ministros. Un seul art est vraiment libéral, celui qui enseigne la sagesse : Unum studium vere liberale est, quod liberum facit, hoc sapientiæ. Les autres sont petits et puérils : cætera pusilla et puerilia (Senec., Ep. 88).

Quintilien suit la trace d’Aristote et de Cicéron, et il est moins exclusif. Il reproduit la division, alors consacrée, d’Aristote, des arts en trois genres théorique, pratique poétique ; puis il cherche à quelle catégorie appartient la rhétorique. L’art se définit la faculté de produire avec méthode ou avec ordre : Ars est potestas via, id est ordine efficiens. Parmi les arts, les uns consistent dans la spéculation ou la connaissance des choses, et l’intelligence seule y est en jeu : Aliæ positæ in inspectione, id est in cognitione rerum, qualis est astrologia. D’autres ont pour objet l’action ; celle-ci est leur fin, et ils s’y arrêtent : Ipso actu perficitur ; ils ne laissent rien après l’acte : Nihil post actum relinquit que practica dicitur. Telle est la danse : qualis est saltatio. Les autres consistent dans l’effet ; leur fin est d’accomplir une œuvre qui est offerte aux yeux. Telle est la peinture. Aliæ in effectu quæ