Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 16.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
revue philosophique

exprimé catégoriquement en sens contraire dans le passage suivant de ses Éléments de psychophysique, II, p. 18 : « En fait, dans notre manière de mesurer la sensation, nous ne la déclarons pas un multiple de l’excitation, mais un multiple d’une grandeur de sensation de même nature prise pour unité ; seulement le rapport de la sensation à son unité est déterminé par le rapport de l’excitation à son unité, en tant que les deux rapports sont une fonction l’un de l’autre, laquelle est de telle nature que, si l’un des rapports est donné, l’autre s’ensuit[1]. »

Si je n’ai pas exactement résumé le passage, je renonce dès aujourd’hui à comprendre non seulement l’allemand de Fechner, mais le français.

Admettons, cependant, que Fechner s’imagine avoir dit autre chose que ce que je lui fais dire, et continuons à lui laisser la parole :

« Et quel est maintenant le passage où, selon Delbœuf, j’aurais très clairement exprimé que je mesure la sensation par l’excitation ? Ce serait, d’après Delbœuf, mot à mot (avec des guillemets), celui-ci : « S’il est dit-il impossible d’obtenir la mesure de la sensation par la superposition antérieure de sensations, de la même manière qu’on mesure extérieurement un morceau d’étoffe au moyen du mètre, cependant on peut la faire reposer sur le rapport de dépendance qui existe entre la force de l’excitation et celle de la sensation provoquée par elle, et, de cette façon, mesurer la sensation intérieure par un mètre extérieur[2]. » Ce passage doit être tiré d’un de mes livres, p. 1[3]. Or je l’ai cherché vainement, non seulement page 1 de mes Éléments et de mon In Sachen, mais dans tous les endroits qui, d’après l’ensemble du texte, pouvaient le contenir. Tout au plus on lit dans mes Éléments, I, p. 56, un passage analogue, mais qui n’est ni traduit ni compris, etc. »

Fechner, après avoir reproduit ce dernier passage, conclut à mon adresse en ces termes : « Je ne puis m’expliquer une pareille méprise qu’en admettant que Delbœuf, au lieu de mes Éléments, a eu en main quelque extrait superficiel. »

Voilà donc qui est précis. Fechner a cherché, p. 1 de son In Sachen, et n’y a pas trouvé le passage en question. Or il se lit à la septième ligne de la première page, et le voici reproduit dans la langue originale :

  1. « In der That erklären wir in unserem Masse der E. diese nicht als ein Wievielmal des Reizes, sondern als ein Wievielmal einer als Einheit untergelegten Empfindungsgrösse derselben Art, und nur die Beziehung der E. zu ihrer Einheit wird nach der Beziehung des Reizes zu seiner Einheit bestimmt, indem beide Beziehungen eine Function von einander sind, welche derartig ist, dass wenn die eine Beziehung gegeben ist, die andere daraus zu folgern ist. » (Revision, etc., p. 301.)
  2. Voir Revue philos., V, p. 60. Fechner reproduit le texte français.
  3. Notez que j’annonce, ibid., p. 35, note 2, que les indications des pages, sauf avis contraire, se rapportent au livre In Sachen, etc.