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LES ARGUMENTS METAPHYSIQUES EN FAVEUR DU LIBRE ARBITRE


CAUSALITÉ ET LIBERTÉ[1]


Au point de vue métaphysique, le problème de la liberté se confond avec celui de la causalité, qui peut elle-même se prendre en deux sens : l’un scientifique (causalité des phénomènes), l’autre métaphysique (causalité intelligible). Ce sont les deux seuls refuges possibles de la liberté. Les uns lui cherchent une place dans le monde des phénomènes, les autres dans le « monde des noumènes. » Nous examinerons successivement les deux hypothèses.

I. La causalité empirique.

L’analyse et l’explication des fonctions essentielles de la pensée doit être à la fois psychologique et physiologique. L’explication psychologique consiste à montrer que ces fonctions sont attachées au fait même d’avoir conscience et de sentir. L’explication physiologique consiste à montrer que ces mêmes fonctions se rattachent au phénomène primordial du système nerveux, l’action réflexe, qui suppose irritabilité et contractilité. L’école anglaise a ici fourni de très importants éléments d’explication, dont elle semble ne pas avoir elle-même tiré tout le parti possible.

La science a un principe de conservation, dont l’axiome d’identité est la formule abstraite, et un principe de développement, dont la loi de causalité ou de succession uniforme est l’expression. Le premier est pour ainsi dire une loi d’équilibre ou statique ; le second, une loi de mouvement ou dynamique. Il faut d’abord que la conscience soit et soit la conscience ; puis il faut qu’elle change, qu’elle soit conscience de tel état, de tel autre, et qu’elle opère la liaison ou synthèse de ces diverses représentations. C’est en cela que consiste son fonctionnement. De là dérivent tous les

  1. Voir la Revue du 1er avril 1883.