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NOTES ET DISCUSSIONS


IMAGES ET MOUVEMENTS

La nature des phénomènes subjectifs appelés images, représentations, idées, est mal connue encore, très mal connue même sur quelques points. On n’a pas tout dit quand on a dit que les images sont des copies affaiblies de nos sensations. L’image n’est pas seulement une copie affaiblie, elle est une copie déformée suivant certaines lois qui ne sont pas encore découvertes. L’idée est plus mal connue, encore que l’image, les doctrines en vigueur sont généralement erronées ; mais je ne veux présenter ici que quelques observations sur les images et sur un ou deux points particuliers. Il est à croire que la constitution individuelle de chaque personne amène des changements considérables dans la nature des représentations ; et ces différences paraissent être beaucoup plus sensibles que celles qui existent entre les sensations. Ainsi, en lisant dans le numéro d’août de la Revue philosophique l’exposé et l’analyse des expériences de M. Stricker, je n’ai nullement retrouvé en bien des cas, ce que j’ai éprouvé moi-même. Il me semble d’ailleurs que même en tenant compte des différences individuelles, l’auteur pousse trop loin sa théorie et abonde trop dans son sens ; cela me paraît ressortir de ses propres expériences qu’il est possible et peut-être parfois nécessaire d’interpréter autrement qu’il ne l’a fait. Je dois dire d’ailleurs que je ne connais ces expériences que par le compte rendu de la Revue, et si fidèle que soit un compte rendu, il est toujours délicat de critiquer dans ses détails une théorie qu’on ne connaît que de seconde main. Je fais donc une réserve pour ce qui concerne les critiques que j’adresserai à M. Stricker ; mais il y a autre chose à examiner que les nuances de la théorie de M. Stricker. Le sens général en est clair ; les faits qu’il invoque sont nets et intéressants ; on peut les examiner et leur en opposer d’autres.