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que. La recherche commence ici, sans aucune espèce d’à priori, par une analyse aussi exacte et impartiale que possible de la conscience religieuse ; elle s’élève de cette base psychologique aux postulats métaphysiques de la conscience religieuse, qui se manifestent comme offrant partout la synthèse supérieure des postulats unilatéraux du monisme abstrait et du théisme, et aboutit à l’épanouissement des conséquences pratiques de la conscience religieuse. Le résultat, dans cette recherche systématique, est le même que celui qui avait été obtenu par la recherche historique : la religion du monisme concret, — avec cette seule différence que, ce que la critique immanente des religions naturalistes, abstraites-monistiques et théistiques avait fait ressortir là comme constituant la tâche historique du présent, se trouve ici établi sur le terrain de la logique interne. »

La tentative de M. de Hartmann en rappelle d’autres, illustres, qui ont été faites avant lui en Allemagne ; elle en diffère aussi, Voici comment l’auteur s’en exprime : « L’essai qu’on fait ici de développer l’ensemble du contenu essentiel de la religion, sans se référer à une religion donnée et en partant simplement de la conscience religieuse, ne peut pas prétendre à l’originalité, puisque des tentatives analogues ont été faites également par d’autres (Kant, Fichte, Hegel, Biedermann, etc.) ; mais ces différents écrivains, comme l’a très bien fait voir Pfleiderer dans la première partie de sa Religionsphilosophie, tantôt n’ont pas embrassé lé problème dans toute sa rigueur, ou ne l’ont pas poussé jusqu’au bout sans mélange d’éléments étrangers, mais font plutôt de l’analyse de la conscience religieuse une sorte d’introduction, d’où ils passent à l’apologie d’une forme religieuse historique déterminée. J’espère avoir réussi, d’une part à définir mon objet avec toute la précision désirable, de l’autre à le poursuivre sans inconséquence jusqu’au bout ; au point de vue formel, j’aurais ainsi réalisé un progrès sur mes devanciers, tandis que, en se plaçant au point de vue du contenu, on trouvera pour la première fois une philosophie religieuse qui applique la même mesure au double développement religieux de l’Inde et de la Judée-Europe et, les absorbant l’une et l’autre en soi, leur assigne leur valeur relative. »

Nous avons donc sous les yeux des sortes de prolégomènes dogmatiques à la « religion de l’avenir », à celle que l’auteur appelle de ses vœux et qu’il croit destinée à remplacer des formes condamnées par le progrès de la pensée, le christianisme-judaïsme et l’hindouïsme.

L’ouvrage lui-même comporte trois divisions principales : A. psychologie religieuse ; B. métaphysique religieuse ; C. éthique religieuse.

II. Psychologie religieuse. — L’auteur traite d’abord de la « fonction religieuse » considérée comme purement humaine, et l’envisage successivement comme « représentation », comme sentiment et comme volonté ; puis il entreprend l’étude du « rapport religieux » en tant que fonction bilatérale, à la fois divine et humaine, Ici : se présentent quatre sous-titres : grâce et foi en général, grâce révélatrice et foi intellectuelle,